Canton Jumeaux
Arrondissement Issoire
Puy-de-Dôme (63570)
Diocèse de Clermont
Prieuré fondé sous Pétronille de Chemillé, entre 1116 et 1149[1]
Fait partie de la classe d’ Orsan[2]
A donné naissance à un village
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Autres prieurés du Puy de Dôme
Nonette : com., cant. St-Germain-Lembron, Arr. Issoire, Puy-de-Dôme
Vic-le-Comte : com., Ch. l. de cant., arr. Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme
I – Sources manuscrites
A. D. Maine-et-Loire.
Série H
140 H 1 : Donations 1250-1511
140 H 2 : Comptes 1475-XVIe s.
140 H 3 : Procédures 1461-XVIe s.
140 H 4 : Élection d’une prieure 1647
A. D. du Puy-de-Dôme
Série H
63 H 1 et 63H 2 : 1542 et 1787
Inv. Arch. ecclés. Fol. 195, T. 4, 4ème registre
II – Bibliographie
ALEIL P.F., MANRY A.G., POURNILHAC B, Le canton de Vic-le-Comte, Service Culturel municipal, 1991.
AUSSIBAL, L’art fontevriste, Ed. du Zodiaque, 1987, pp. 42-44.
BALME P, Guide du Puy-de-Dôme, sites et monuments du département, pp. 114-115 (description archéologique précise d’ Esteil). (à retrouver)
BIENVENU (Jean-Marc), Les premiers de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, thèse de doctorat Es Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1980, pp. 325, 344, 411 (n. 571).
BIENVENU Jean-Marc, À travers le passé de Fontevraud, Eaux Vives, Revue chrétienne de culture, n° 521, février 1989, pp. 6-13.
BIENVENU (Jean-Marc), Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, ss date.
CAVARD Jean-Claude, Esteil et son histoire et ses histoires, Esteil, 1986.
CHABROL, Coutumes d’Auvergne, T. 4, 1786.
COSTE, Notes historiques sur la Mongie et Esteil, 1903, chap. XXII, pp. 70-72.
CROZET René, L’art roman en Poitou, Ed. Henri Laurens, Paris, 1948.
FOUILLOUX Jean-Baptiste, chanoine, Fiefs et châteaux relevant de la Comté d’Auvergne (capitale Vic-le-Comte), Ed. de Bussac, 1926, p. 498.
HOZIER Charles René (1640-1732), Armorial de France, recueil officiel dressé en vertu de l’Édit royal du 20 novembre 1696, Ed. Paris, 1903-1904, p. 49.
JALOUSTRE Elie, Notice historique sur l’ancien couvent d’ Esteil en Auvergne, de l’Ordre de Fontevrault, Annonay, 1875. (Bibl. Du Patrimoine, Fonds Auvergne ancien, A 31852)
LARDIER (Jean), La Sainte Famille de Fontevrault, 1650, pp. 488, 541, 545-546, 561, 600, 678.
La République combattante, 05, 1944.
LESPINASSE Julien abbé, Chroniques du Brivarois, Un peu d’histoire locale, Ed. « Almanach de Brioude », pp. 37-39.
Musée de l’Homme (Paris), Revue des Traditions populaires (1898-1904), 1898, p. 199.
NICQUET H., Histoire de l’ordre de Fontevrault contenant la vie et les merveilles de la sainteté de Robert d’Arbrissel et l’histoire chronologique des abbesses, Paris, 1642, pp. 534-535.
PAVILLON B., La vie du Bien-Heureux Robert d’Arbrissel, patriarche des solitaires de la France, et instituteur de l’ordre de Font-Evraud, Saumur-Paris, 1666, in 4°, p. 475.
PICART Louis Auguste, L’Ordre de Fontevrault de 1115 à 1207, Ed. Saumur, 1904, p. 178.
POULAIN Jean, Dictionnaire de l’Ordre Fontevriste, C.C.O, Abbaye de Fontevraud, Janvier 2000, p. 59.
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Lieu situé à 680 m, non loin de la vallée de l’Allier, sur les premiers contreforts des monts du Livradois, au-dessus d’ Auzat, dans le canton de Jumeaux.
Fondation
Dans la région, le premier monastère fontevriste est établi à Esteil, sur les hauteurs dominant Jumeaux.


Avant 1149 : Bien que cité seulement en 1154 par Anastase IV (privilège du 20 janvier), il existe dès avant 1149 puisque c’est dans les mains de Pétronille de Chemillé (1116-1149) que Bertrand (Drac, seigneur de Châteauneuf) a fait don du mas d’ Esteil et de ses habitants, donation qu’ Aimeri, évêque de Clermont, ratifie en 1151. Cependant selon Chabrol, ce prieuré aurait été fondé en 1151 par « un seigneur de Châteauneuf »[3].
Les biens fonciers reçus ou acquis par l’Ordre ayant le plus souvent été des biens déjà en exploitation, nombre de paysans passent sous la dépendance seigneuriale de Fontevraud en même temps que la terre qu’ils cultivent. Celle-ci est donnée : stipulée être donnée avec les « homines » ou « agricolae » l’occupant. La terre d’ Esteil est donnée « cum habitatoribus »[4].
Les moniales établissent leur prieuré sur les ruines d’un ancien monument celtique. Il fonde dans un lieu désert de la paroisse d’ Auzat, sur le plateau d’une montagne élevée, un couvent dont il donna le nom d’ Esteil. Le fondateur d’ Esteil appartient à l’ancienne famille de Châteauneuf-du-Drac, dont la seigneurie comprenait les paroisses de Sainte-Catherine, de Saint-Germain-l’ Herm, de Peslières, d’ Ollières, du Vernet, de Valz, de Champagnat-le-Jeune[5].
1152 : Aliénor d’Aquitaine, femme de Louis VII, divorce pour épouser Henri II Plantagenêt, ce qui entraine le rattachement de l’Auvergne au royaume Anglo-angevin. Il se peut que cet évènement serve à la croissance de ce prieuré puisque les Plantagenêts se veulent les protecteurs de l’Ordre[6].
1201 : une religieuse d’ Esteil Sybille, fille d’un comte d’Auvergne fonde un prieuré de son ordre en un lieu appelé « Seveirag » qui depuis a pris le nom de Sainte-Florine en Haute-Loire[7]. Elle acquiert, grâce aux libéralités de sa famille, une église située dans la vallée de l’Allier sur le canton d’ Auzon. Cette église sert immédiatement de lieu de culte à la nouvelle communauté et le prieuré de Sainte-Florine apporte par la suite à celui d’ Esteil une aide fraternelle et matérielle très appréciée[8].
1250 : le seigneur Charles de la Roche Savinc, appartenant à la maison de Montboissier, fait don de plusieurs biens, l’ensemble s’étend sur la totalité de la commune d’ Esteil[9].
1276 : une lettre de Philippe, roi de France, fils de Saint-Louis, commande qu’il soit donné au couvent d’ Esteil 40 sols de rente par les exécuteurs du testament d’Alphonse, comte du Poitou et de Toulouse, pour un anniversaire perpétuel[10].
XIVe et XVe siècles
« La crise annoncée dès le XIIIe siècle ne fait que s’aggraver aux XIVe et XVe siècles car les difficultés internes de l’ordre se doublent désormais de celles inhérentes à la conjoncture de l’époque. Au cours de la guerre de Cent-Ans, l’abbaye parvient à échapper au pillage mais il en ai pas de même pour ses alentours dévastés par les « routiers », notamment en 1357, 1369, 1380, ni pour les prieurés dont beaucoup sont mis à sac ou détruits»[11].
Les religieuses d’ Esteil élèvent de fortes fortifications pour résister aux attaques des soudards : des traces de constructions subsistent ça et là dans le village, le puissant mur d’enceinte n’est pas totalement détruit.


28 mars 1449 : l’office de prieure d’ Esteil est donné par Madame Marie d’ Harcourt (1431-1451) à sœur Catherine de La Salle, nièce de M. le Maréchal de La Fayette et à sa requête[12].
1450 : en juillet, Antoinette de Baugé nommée pour être religieuse au couvent d’ Esteil, à la requête de M. le Maréchal de La Fayette[13].
Réformation
A la pauvreté matérielle s’ajoutent l’absence de vocations et l’insubordination des religieux et des moniales. En 1460, la plupart des prieurés ne comptent plus que 2 à 5 religieuses et 1 à 2 religieux. Certains sont complètement abandonnés. Lardier Jean signale qu’il y a une prieure et 10 religieuses et un prieur dans le prieuré, avec un revenu de 400 livres[14].
Il faudra attendre Marie de Bretagne (1457-1477) pour qu’un mouvement de réforme s’ébauche. Elle va se faire aider surtout par Guillaume de Bailleul, religieux vicaire général de l’abbesse puis prieur de Saint-Jean-de-l’Habit. Il est chargé de dresser un état du temporel de l’Ordre de Fontevraud. Le pape Pie II autorise Marie de Bretagne à « supprimer et esteindre quelques prieurés qui seroient hors espérence de se pouvoir remettre et tout ensemble permis d’appliquer le revenu à la Crosse de l’Abbesse et à la Mense du Grand Monastère »[15].
Cet ordre est le tout premier en date à amorcer sa réforme sous Marie de Bretagne (1457-1477) dont l’œuvre est poursuivie par Anne d’Orléans (1477-1491), fille de Charles le poète et sœur du futur roi Louis XII. Elles se heurtent à de vives résistances au point que Marie quitte l’abbaye pour La Madeleine-lès-Orléans qu’elle relève matériellement et disciplinairement ; sous Anne, la réforme est déclarée applicable à tout l’Ordre en 1479 par le pape Sixte IV[16].
XVIe siècle
Le prieuré d ’Esteil est réformé sous l’abbatiat de Renée de Bourbon (1491-1535) et figure parmi les prieurés actifs de la région Auvergne.
7 décembre 1525 : Madame Renée de Bourbon donne l’office de prieure à sœur Jeanne Garnier[17].
1543 : le prieuré d’ Esteil possède le droit de haute et moyenne justice d’après un acte royal daté de 1543[18].
Guerre de religion
1562 et 1598 : guerre de religion, la prieure en parle dans une lettre du 16 juillet 1619 adressée à Louis XIV : les guerres de religion mettent les bâtiments du prieuré à l’épreuve mais le gros œuvre de l’église résiste[20].
XVIIe siècle
1628 : Sœur Gillette de la Volpillière nommée prieure ; elle est la première prieure du couvent de Vic-le-Comte en 1647 après avoir été 21 ans prieure d’ Esteil à plusieurs fois[21].
1642: l’abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon (1637-1670) organise les prieurés en 4 classes Paris, Orsan, Tusson, Paravis. Le prieuré d’ Esteil fait partie de la classe d’ Orsan[22].
En 1645, au moment de la grande renaissance du catholicisme, en Auvergne, les dames d’ Esteil essaime à Vic, leur couvent est situé près de l’hôtel de ville actuel[23]. Madeleine de Thiolet, veuve de Jean de la Guesde donne à cet effet 2000 livres. Elle est considérée comme l’une des principales fondatrices de Vic. L’évêque Joachim d’Estaing approuve la fondation. La prieure d’ Esteil, Gillette de la Volpillière est chargée de l’organisation de ce nouveau prieuré. En 1647, elle en prend la direction[24].
1647 : Anne-Marie d’ Oradour entre comme postulante au prieuré d’ Esteil. Mais à la fondation du monastère du même ordre à Vic-le-Comte, elle obtient l’autorisation de faire partie du nouveau monastère pour la consolation de sa mère qui était veuve et habitait Vic-le-Comte. Marie-Catherine de Seymiers donne 3000 livres pour la dot de sa fille et 3000 livres pour contribuer à la fondation du monastère. En 1688, Anne-Marie d’ Oradour est dépositaire ou économe de son couvent[25].
La même année, une postulante d’ Esteil, sur le point de prononcer ses vœux, demande de venir dans le monastère de Vic-le-Comte : c’est Anne de Peuchaud, proche parente de Cécile de Peuchaud et cousine de Anne-Marie d’ Oradour. Sa tante Françoise d’ Oradour lui avait donné 3000 livres, le 18 octobre 1643, pour favoriser son entrée en religion. Sa mère, Anne d’ Oradour, lui avait donné 2300 livres pour sa dot. L’évêque de Clermont et l’abbesse de Fontevraud lui donnent l’autorisation de passer du couvent d’ Esteil à celui de Vic-le-Comte[26].
1686 : date de la déclaration d’octroi de la portion congrue ou pension alimentaire au curé de Mailhat faite conjointement par les dames d’ Esteil, les chanoines du chapitre de Saint-Laurent d’ Auzon, les bénédictines de la Chaise-Dieu et la famille Berger qui tous étaient décimateurs (recevaient la dîme et dont ils devaient remettre une partie à un prêtre qui assurait le service, celui d’une chapelle privée pour le cas d’ Esteil).
20 novembre 1696 :d’or, au pal de gueules, chargé de trois étoiles d’argent[27]. (Scanner armoirie Cavard)
1675 – 1719: réponse à la demande de l’administration des finances au sujet des domaines engagés. Une soixantaine d’années plus tard, même redemande à la suite d’un arrêt du Conseil. La prieure Sœur de Varenne répond : « J’ai l’honneur, Monsieur, la date de notre fondation, elle est 1151, c’est tout ce que je puis faire pour répondre à ce que vous me demandez pour les lettres patentes, nous n’en avons point parce que ce n’étaient pas l’usage dans le douzième siècle et dans quelques siècles suivants. Les Ordres de Cîteaux et de Cluny vous dirons les mêmes raisons. L’histoire nous apprend que les fondateurs munis des pouvoirs des papes et permissions des Roys fondaient d’abord leur chef d’Ordre et ensuite parcouraient les provinces où ils faisaient des communautés sous le bon plaisir des seigneurs qui leur donnaient des fonds suffisants pour la nourriture des religieux et des religieuses …Nous soussignées, prieure et officières du monastère d’ Esteil, ordre de Fontevraud, déclarons que nous possédons du domaine aliéné de sa majesté la justice haute et moyenne du hameau d’ Esteil composé d’environ trente feux, aliéné environ l’année 1537 moyennant la somme de 525 livres au profit du sieur de Sivray de Palerme qui l’a ensuite donné à notre monastère en 1543 pour partie de la dot de ses filles religieuses de notre ordre……nous ne pouvons rapporter les titres d’acquisition n’en n’ayant trouvé aucun dans nos archives perdus pendant les troubles ou dans le temps de peste…. Nous ne possédons aucun autre bien aliéné du domaine de sa majesté. Le 16 juillet 1719». Sœur Cohade, prieure ; Sœur Beyssat, dépositaire ; sœur Morin, boursière[28].
XVIIIe siècle
Voici quelques noms de moniales d’ Esteil en 1719 : Marie d’ Angerolles, Isabeau de Montorsier, Hélène des Hors, Antoinette de Lamarge, Marie d’ Orgival, Louise de Maolat de Montbrisson, Marguerite de la Boulaye, Marie de Siray, Marie de Vertamy.
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Mai 1750 à septembre 1772 : vêtures, professions et décès conformément à la déclaration du Roy du 9 avril 1736, fait par la prieure Marie Magdelaine de Réal, morte le 27 septembre 1772 à 69 ans, inhumée à la deuxième pierre du côté de l’église et ce dans le cloître[29].
À partir de mai 1754 : la prieure se nomme Sr Boyer âgée de 71 ans, elle exerce pendant 10 ans son rôle de prieure.
Quelques moniales
Date | nom | Age | vêture | profession | |
13-05-1750 | Marie Sabatier | 16 ans | OK | 1-06-1751 | Religieuse de choeur |
8-02-1751 | Marie Jaby | 22 ans | OK | 6-04-1752 | Religieuse de choeur |
26-01-1751 | Rosalie Matharel | 18 ans | OK | ||
8-05-1751 | Françoise Bounoure | 17 ans | OK | Religieuse converse | |
15-06-1751 | Marie Picharoux | 23 ans | OK | 15-06-1751 | Religieuse converse |
4-04-1752 | Rosalie Matharel | 21 ans | OK | Religieuse de choeur | |
19-05-1754 | Françoise Jaby | 20 ans | OK | 8-06-1755 | Religieuse de choeur |
14-11-1757 + | Marguerite Blandinière Sous-prieure | 90 ans |
8 juin 1755 : profession se fait en présence de frère René Lespine, religieux prêtre de l’Ordre de Fontevrault, confesseur d’ Esteil, mort en 1772 et inhumé à « côté droit du maître-autel »
1755 : prieure Magdelaine de Réal
10 mai 1757, 1758, 1759, : Rde Mère Geneviève Boyer, prieure, morte le 7 décembre 1765 à l’âge de 82 ans
1765, 1767 : Rde Marguerite Matussières, prieure
1769 : prieure Elisabeth Du Saunier[30].
Ces vêtures et professions se font dans le « chœur intérieur de l’église d’ Esteil », en présence de la communauté,
-elles sont vêtues de l’habit de l’Ordre par la Rde Mère prieure, en présence des parents et du Rd Père confesseur de la communauté
-les vœux de profession se font « entre les mains de la Rde Mère prieure ». Nous apprenons si elles deviennent religieuses de chœur ou religieuses converses
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1785-1786 : procès contre les religieuses par Sieur Annet de Bourdeilles, écuyer prêtre et curé de Mailhat au sujet de la portion congrue toujours pas payée par les religieuses.
Alimentation en eau du monastère
« Ligne de partage des eaux : l’une rejoignant l’Allier par les grands prés, les autres par les « Narces. Les eaux ne pouvaient être par les puits comme en plaine. Capté dans le bas de la « Cordonière, elle suit à mi-flanc l’éperon que nous appelons le Coudert, est mise en réserve « dans le réservoir de la Vierge où il y avait une fontaine. De là la canalisation en terre cuite « vernis avait une branche vers le cloître qui a toujours son point d’eau vers les cuisines, « l’autre branche longeant le pignon Est de la chapelle, sous le bâtiment qui lui était accolé, « pour alimenter une autre fontaine à une vingtaine de mètres au Nord de la chapelle, près « d’une construction qui existait encore en 1830. Le bac de la fontaine, circulaire, taillé dans « un bloc est maintenant sous la place après être resté longtemps près du lavoir. Le trop plein « devait se déverser dans un réservoir de deux à trois ares, réserve d’eau pour les animaux et « que l’on appelait il y a peu de temps la Serve »[31].
Révolution Française
A la Révolution Esteil compte environ 400 habitants, 120 en 1914 et 55 aujourd’hui. Il est certain que le prieuré donnait une certaine prospérité à Esteil.
1789 : les 20 religieuses sont dispersées et se réfugient dans leur famille. Les bâtiments sont vendus par lots qui forment le village actuel. Les maisons sont d’anciens bâtiments du prieuré ou construits avec les pierres qui le constituaient.
Le « cy-devant cheval des religieuses » s’est trouvé nationalisé et a dû en particulier aider à descendre les morts à Auzat. Mais la République n’avait pas prévu qu’il devait continuer à manger, les religieuses l’eurent donc toujours à charge.
1790 : Anne Berger, sœur converse d’ Esteil, « qu’elle n’avait aucun serment à prester pour la liberté et l’égalité et qu’elle avait presté le serment ….autre serment que son baptême »[32].
Les moines d’ Esteil ont eu une mauvaise réputation, après leur dispersion, dans tout le pays. Quand on voulait faire peur aux petits enfants, on leur disait : « Si tu n’es pas sage, les moines d’ Esteil viendront t’emporter »[33].
30 septembre 1792 : un prêtre assermenté arrive à Esteil, le citoyen Barisson qui vient prendre les ornements de l’église d’ Esteil afin de les descendre à Auzat. La chapelle ne devait plus servir.
Une des cloches de la chapelle d’ Esteil est sauvée, les deux autres grosses cloches sont envoyées à Auzat ainsi qu’un calice avec sa patène, une custode, une croix plaquée en argent, un reliquaire et une boîte à onction, huit chandeliers, un Christ en cuivre, un encensoir ; les Esteillois ont utilisé deux paires de bœufs à cause du mauvais état des chemins et pour leur peine ils obtiennent un mandat de 10 livres[34].
21 messidor An IV de la République : estimation des biens de la communauté d’ Esteil :
Le couvent avec l’église, le tout en très mauvais état, sans portes et fenêtres, les planchers enlevés, les toits presque pourris. La valeur se réduit à la valeur du terrain qu’il occupe et de quelques voûtes qui sont encore intactes. Un jardin contigu aux bâtiments, avec les bâtiments d’aisance du village. Le tout 4302 Fr. Par la suite, le nouveau propriétaire revend l’ensemble par lots ; il coupe l’église en deux par un mur se réservant une « chapelle personnelle »[35], l’autre partie servant de grange.
« La chapelle personnelle » est rachetée en partie par les habitants d’ Esteil en 1848, rouverte au culte en 1855. L’autre partie transformée en grange est achetée en 1869. L’église est classée monument historique en 1922.
D’abord succursale de la paroisse d’ Auzat, elle devient en 1859 église paroissiale sous le patronage de Saint-Jean-Baptiste. La commune n’est constituée qu’en 1873[36].
Seconde guerre mondiale
En 1944 : les archives paroissiales et communales sont brûlées par les Allemands qui incendient le village lors d’un passage du maquis[37].
Des soldats de l’armée nazie ont volontairement mis le feu au village, « incendiés des maisons entières ; il s’agit du bourg d’ Esteil dans le Puy de Dôme »[38]. Ce feu a gagné malheureusement l’église dans la partie transformée en grange. Des traces de pierres calcinées sont encore visibles et témoignent de l’action des nazis. Heureusement 50 habitants ont pu se réfugier dans les bois et les handicapés ont été évacués derrière le mur d’enceinte[39].


« Amis d’ Esteil »
Depuis leur création « Les Amis d’ Esteil » ont participé à de nombreux travaux de restauration, de mise en valeur et à des aménagements intérieurs de l’église : installation d’un éclairage du clocher, restauration des cloches et électrification de la sonnerie, restauration des murs côté nord.
En 1994 : installation d’un vitrail en remplacement de la fenêtre à gauche de l’autel
1999 : restauration de la croix d’ Auzat
2000 : restauration de la statue de Sainte Philomène



2001 : création d’un vitrail au-dessus de l’autel
2003 : suite à une étude réalisée, une demande de subvention a été faite pour la restauration intérieure de l’église, englobant la partie arrière qui a servi de grange depuis la Révolution à l’exploitant agricole voisin. L’accord de principe est obtenu. Aujourd’hui la mairie est en attente des crédits.

Photo JGE 2022

Photo JGE 2022
Iconographie : Description faite par Aussibal en 1987
Partie des frères
« La chapelle dite de Saint-Jean-de-l’Habit est située dans l’enclos du dehors du monastère.
« Nous avons quelques vestiges du couvent des frères. À 80 m au Nord de l’église devenue « paroissiale, au lieu-dit « la chapelle du Devet », on relève, en 1987, quelques parements de « cette chapelle sur la façade d’une grange ». Aujourd’hui, 2022, la chapelle est écroulée : il serait nécessaire d’entreprendre des fouilles.
Prieuré des moniales
Les bâtiments du prieuré :
« Pour l’étude du patrimoine fontevriste, Esteil présente un certain intérêt avec la « conservation de l’église du XIIe siècle et la majeure partie des trois bâtiments conventuels « entourant l’ancienne cour du cloître.
Plan avec culots, ouverture salle capitulaire
« Des bâtiments des religieuses, il subsiste un porche d’entrée du XVIe siècle, orné d’un écusson aux armes de Renée de Bourbon, la réformatrice.




L’église
« L’église, classée monument historique en 1922, a déjà « retenue l’attention. Cette église a gardé son originalité d’édifice auvergnat, avec son plan très simple, son volume discret, sa maçonnerie en damier de basalte noir contrastant avec un grès ocre, son petit clocher et son décor sobre mais d’époque »[40]. (photo)
Le sanctuaire simple sans transept est aussi adopté dans certains prieurés fontevristes : exemple Raslay (Vienne), Montazais (Vienne), Boulaur (Gers), le Paravis (Lot-et-Garonne), mais aussi à Pont-Cholet en Limousin.
Clôture
Le rituel ou cérémonial de l’Ordre de Fontevrault édité en 1628 par Louise de Bourbon[41], Abbesse et Chef de l’Ordre, notifie expressément la présence d’une grille de clôture dans l’église, séparant les religieuses des frères et des assistants. Les prieurés établis avant le XVe siècle ont dû s’arranger pour adapter une clôture très stricte à l’architecture de leur église et de leurs bâtiments qui ne la prévoyait pas du tout de cette manière lors de la construction des édifices.
Dans l’église abbatiale de Fontevrault, déjà sous Renée de Bourbon, il y avait un parcours très strict à suivre pour que les frères ne croisent pas les moniales et que les prêtres puissent aller célébrer leur messe sans traverser le chœur des moniales : Une galerie traversait la clôture des moniales et servait aux moines fontevristes pour aller directement au sanctuaire et à l’autel, partie interdite aux moniales.

Une grille séparait le chœur liturgique du chœur des religieuses (grille actuellement devant la préfecture d’Angers). Il existait aussi un jubé pour séparer les moniales des séculiers comme celui du prieuré fontevriste de Saint-Sauveur de Puyberland, commune de St-Génard (Deux-Sèvres).
Intérieur de l’église
« Bâti sur un plan rectangulaire de 29 m 50 x 6m 50, le vaisseau unique est couvert d’une « voûte de blocage en berceau brisé de 8 m 60 de haut, reposant sur des arcs latéraux plein « cintre rejoignant des pilastres et formant cinq travées régulières ».
« Entre la deuxième et la troisième travée, un doubleau soutenu par une colonne engagée « surmontée d’un chapiteau à décor sculpté vient renforcer la voûte. Juste à cet endroit « s’appuie le clocher-mur à deux étages, très élégant dans son profil. Un mur-cloison est venu « tardivement diviser la nef, mais laissant un portail de communication en tiers-point ». Ce mur cloison est construit surement sous Renée de Bourbon(Photos)
« Le chœur qui trouve sa place dans la cinquième travée a comme seul décor les ouvertures du chevet plat ; une fenêtre axiale de 2 m environ de haut, bien ébrasée et magnifique de « proportions.
« Le mur latéral nord a gardé dans les premières et secondes travées, deux baies « romanes primitives de grande qualité s’inscrivant admirablement dans le profil de l’arcade.
« Les portes ont été presque toutes modifiées ou déplacées. D’après quelques pierres de taille « encore en place, nous devinons comme portes primitives : celle de la sacristie dans le mur « sud du chœur et le portail des morts dans le mur nord de la deuxième travée, lequel était « généralement ennobli par un décor plus soigné.
« La porte donnant sur le cloître nous semble à son emplacement bien qu’elle est perdue son « profil roman. Mais le portail d’entrée ouest, voie d’accès habituel des fidèles, a disparu.
« La fenêtre ouest, qui se voit aujourd’hui, dans la première travée de la remise est gothique. « Il se pourrait que le portail, lui aussi modifié à la même époque, ait été déplacé plus tard « dans le mur-cloison coupant l’église à la troisième travée.
« Cette nef unique de moyenne dimension sans transept, ni chapelle rappelle les églises « monastiques des ordres stricts en particulier Grandmont en raison de l’absence de transept.
« A côté de la grandiose abbatiale de Fontevraud ou de l’impressionnant prieurale de « Villesalem, cette petite priorale auvergnate a quelque chose d’émouvant[42].
Extérieur
« L’église ici comme dans les maisons des ermites grandmontains, ne se distingue pas par son « volume des autres bâtiments d’habitation. Les murs gouttereaux sont renforcés de « contreforts doubles aux angles-correspondant aux pilastres ; leur section est rectangulaire, « ils couvrent toute la hauteur de l’élévation, adoucis d’un rétrécissement lorsqu’ils arrivent à « la corniche plate qui court au-dessus des murs. Celle-ci faite d’un large entablement « s’appuie sur des sortes de modillons très saillants et rapprochés, cinq ou six selon les « travées. Les cinq de la quatrième travée côté Nord sont sculptés. (photos ou dessins)
« Un clocher-mur, manifestement du XIIe siècle, élevé sur les reins de la voûte renforcée à cet « endroit par un doubleau, prend place à l’entrée de la troisième travée où se situait « probablement le début de la nef des religieuses- les deux premières travées auraient été celle des fidèles- pour que la sœur réglementaire puisse sonner la cloche sans sortir de la clôture ».
« Deux étages de baies jumelées plein cintre s’inscrivent dans un mur entièrement monté en « pierre de grès taillée dont le profil est fait de verticales en retrait couronnées par un « pignon ».
« Les baies de chaque côté sont séparées par deux colonnes jumelées. Ce petit clocher apporte « à cette église ce qui lui manquait pour alléger sa silhouette, et il s’intègre parfaitement dans « le paysage ». (photos du clocher)
« La maçonnerie des murs gouttereaux, typiquement auvergnate, est composée d’un « damier de blocs de basalte disposés en lignes horizontales et assemblées à gros joints de « mortier. Nous trouvons ici un type d’appareil alvéolé, assez commun à cette région ». (photo)
« Avec des moyens modestes les fontevristes ont réussi à élever ici une église sans prétention, que l’on admire encore dans son originalité et sa beauté toute simple[43] ».
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Prieures d’ Esteil
Prieure | Religieuse | Date | Référence |
Catherine de la Salle | 28-03-1449 | Lardier, Ste Famille, p. 545 | |
Antoinette de Baugé | 31-07-1450 | Lardier, Ste Famille, p. 546 | |
Ursule Tahureau | 21-08-1525 | Lardier, Ste Famille, p. 600 | |
Jeanne Garnier | 07-12-1525 | Lardier, Ste Famille, p. 600 | |
Gabrielle Peschault, cellérière | Lardier, Ste Famille, p. 600 | ||
Gillette de la Volpillière | 1628-1647 | Lardier, Ste Famille, p. 678 | |
Sr Cohade | 16-07-1719 | Cavard | |
Marie Magdelaine de Réal | 1736 | A. D. Puy | |
Sr Boyer, 71 ans | 1754 | ||
Elisabeth Dussaurier | 1769 | Cavard |
[1] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, ss date, p. 5.
[2] NICQUET H., Histoire de l’ordre de Fontevrault contenant la vie et les merveilles de la sainteté de Robert d’Arbrissel et l’histoire chronologique des abbesses, Paris, 1642, pp. 534-535.
[3] BIENVENU (Jean-Marc), Les premiers de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, p. 325.
[4] BIENVENU (Jean-Marc), op. cit., p. 411.
[5] PICART Louis Auguste, L’Ordre de Fontevrault de 1115 à 1207, p. 178.
[6] AUSSIBAL, L’art fontevriste, pp. 42-44.
[7] LESPINASSE Julien abbé, Chroniques du Brivarois, Un peu d’histoire locale, pp. 37-39).
[8] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[9] CAVARD Jean-Claude, Esteil et son histoire et ses histoires, 1986.
[10] LARDIER (Jean), La Sainte Famille de Fontevrault, 1650, p. 488.
[11] BIENVENU Jean-Marc, À travers le passé de Fontevraud, pp. 6-13.
[12] LARDIER Jean, op. cit., p. 546.
[13] LARDIER Jean, op. cit., p. 546.
[14] LARDIER Jean, op. cit., p. 560.
[15] NICQUET (H), Histoire de l’Ordre de Fontevrault……, p. 479.
[16] BIENVENU Jean-Marc, A travers le passé de Fontevraud, Eaux Vives, Revue chrétienne de culture, n° 521, février 1989, pp. 6-13.
[17] LARDIER Jean, op. cit., p. 600.
[18] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[19] CAVARD, op. cit., 1986.
[20] AUSSIBAL, op. cit., p. 27.
[21] LARDIER Jean, op. cit., p. 678.
[22] NICQUET H., Histoire de l’ordre de Fontevrault, pp. 534-535.
[23] ALEIL P.F., MANRY A.G., POURNILHAC B, Le canton de Vic-le-Comte, 1991.
[24] LARDIER Jean, op. cit., p. 678.
[25]FOUILLOUX Jean-Baptiste. chanoine, Fiefs et châteaux relevant de la Comté d’Auvergne (capitale Vic-le-Comte), Ed. de Bussac, 1926, p. 498.
[26] FOUILLOUX abbé J.B., op. cit., p. 308. Archives du Puy-de-Dôme évêché, liasse 20
[27] Hozier Charles René (1640-1732, Armorial de France, recueil officiel dressé en vertu de l’Édit royal du 20 novembre 1696, Ed. Paris, 1903-1904, p. 49.
[28] CAVARD, op. cit., 1986.
[29] A.D. Puy-de-Dôme
[30] CAVARD Jean-Claude, op. cit. 1986.
[31] CAVARD Jean-Claude, op. cit. 1986.
[32] CAVARD Jean-Claude, op. cit. 1986.
[33] Musée de l’Homme (Paris), Revue des Traditions populaires (1898-1904), 1898, p. 199.
[34] CAVARD Jean-Claude, op. cit., 1986.
[35] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[36] AUSSIBAL, op. cit., p. 27.
[37] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[38] La République combattante, 05, 1944.
[39] M. Thalaud, maire d’ Esteil.
[40] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[41] Abbesse de Fontevrault de 1534 à 1575.
[42] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.
[43] AUSSIBAL, op. cit., pp. 42-44.