LA GRÂCE-DIEU ou LAGRÂCE-DIEU
Commune Auterive
Canton Auterive
Arrondissement Muret
Haute-Garonne (31190)
Diocèse de Toulouse
Diocèse de Rieux, 1317
Fondé sous Mathilde d’Anjou, deuxième abbesse de Fontevraud (1149-1155)
Fait partie de la classe du Paravis[1]
A donné naissance à un village

Vue générale de La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. C.P. Labouche
I –Sources manuscrites
A. D. de Maine-et-Loire.
153 H 1 : Réformation du prieuré et procédures subséquentes 1522-1545
153 H 2 : Administration intérieure du prieuré 1546-1736
153 H 3 : Domaine. Comptes 1541-1567
A.D. Haute-Garonne
Série D
1 D 1 : 1 NUM AC 1498 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836
1 D 1 : 1 NUM AC 1499 : registre de délibérations du conseil municipal, 8 mai 1838-13 février 1859
Série G
1 G 1 ; cadastre-terrier de 1736 par François Gaillard et Paul Baudon, arpenteurs de Miremont et Lézat.
1 G 3 : atlas cadastral, 1809
8 Fi 264-2, objets volés en Haute-Garonne
II – Bibliographie
BARRIERE-FLAVY (Camille), Histoire de la Grâce-Dieu, Revue d’Histoire de Toulouse, t.1, 1914, pp. 164-176, 334-350. Et 1921, 128p.
BARRIERE-FLAVY, Les sarcophages de La Grâce-Dieu et de Miremont, Bull. Soc. Archéo. du Midi de la France, 1906-1909, pp. 166-168.
BARRIERE-FLAVY (Camille), Le diocèse de Rieux au XVIIe siècle, Mémoire de l’Académie des Sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1909, pp. 111-133.
BARRIERE-FLAVY, Les objets d’art du diocèse de Rieux, Bull. Soc. Archéo. du Midi de la France, 1906, p. 401.
BIENVENU (Jean-Marc), Les premiers de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, thèse de doctorat Es Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1980, pp. 301, 304, 346.
CASTELA, Monographie communale de Lagrâce-Dieu, 1886, 47 p.
CARRIÈRE Abbé, Souvenirs d’un voyage de quelques heures, Mémoire de la Société Archéologique du Midi de la France, 1866, p. 134.
Ed. FLOHIC, Le patrimoine des communes de la Haute-Garonne, Ed. Flohic, 2000.
FAVREAU Robert, MICHAUD Jean, LEPLANT Bernadette, LABANDE Edmond-René, Corpus des inscriptions médiévales de la France Médiévale, Ariège, Haute-Garonne, Hautes Pyrénées, Tarn-et-Garonne, CSCM, Poitiers, tome 8, 1982.
FERRAS (Frère Vincent), L’Ordre de Fontevraud. Ses prieurés du Commingeois et du Toulousain, Présence d’ En Calcat, n° 123, juin 1994, pp. 25-35.
LARDIER Jean, Volume III de La Saincte Famille de Font-Evraud, 1650, pp. 377, 423, 492, 560, 562, 582, 624, 642, 643, 665, 680, 681.
MAILLEUX Catherine, La réformation de l’ordre de Fontevraud, 1459-1534, Mémoire de maîtrise, Université François Rabelais de Tours, 1993, p. 92.
NICQUET Honorat, Histoire de l’ordre de Font-Evraud, Ed. Michel Soly, 1662, p. 444.
POULAIN Jean, Dictionnaire de l’ordre fontevriste, 2000, p. 72.
ROUTABOUL Robert, La Grâce-Dieu, Le canton d’ Auterive, Ed. Empreint, 2001, pp. 231-253.
Prieuré de La Grâce-Dieu
Le village de Lagrâce-Dieu (anciennement La Grâce-Dieu) est situé à 5 Kms de Auterive, fait partie de l’aire urbaine de Toulouse, vers le département de l’Ariège. Les cours d’eau de Lagrâce-Dieu sont: le Besset, le Rauzé, le Mercé, le Magrens, le Boutahère, Le Carlou, le Boulsa, l’Arnaoutou appelé aussi le Rivet à Miremont et la Mouillonne affluent et sous affluents de l’Ariège. La Mouillonne sépare le territoire de Lagrâce-Dieu de celui d’ Auterive. En 1881, 437 habitants.
Les habitants s’appellent les Gracieux-Divins.
Origine du nom
Pourquoi La Grâce-Dieu : le prieuré possédait une dent de Saint-Jean et que Saint-Jean veut dire Grâce de Dieu.
Le village de Lagrâce-Dieu se développe dès le XIIe siècle autour du prieuré fontevriste. La paroisse a connu deux églises : l’ancienne du monastère et l’église paroissiale qui lui a succédé. L’église est commune au monastère et à la paroisse. Le patron de la paroisse est Saint-Jean-Baptiste comme en témoigne l’inscription sur la cloche de 1584 « + IHS MARIA S JOHANNES BAPTISTE ORA PRO NOBIS »

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste, La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. C.P. Labouche
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Le prieuré de Lespinasse, fondé en 1114, essaime dans le diocèse de Toulouse à Brie, Sainte-Croix-de-Volvestre, Longages et à la Grâce-Dieu[2].
La Grâce-Dieu est fondé entre 1149 et 1150 sous l’abbesse Mathilde d’Anjou, deuxième abbesse de Fontevraud, 1149-1155.
1179 : dans le cartulaire de Lézat figure la mention de « Guillelmus sacerdos, prior domus qui dicitur Gracie Dei ».
1190 : Sybille de Haute-Rive devient prieure en 1247[3].
1209 : Lardier Jean signale un registre de Fontevraud dans lequel se trouve le dénombrement des personnes religieuses de chaque couvent de Gascogne en l’an 1209. On dénombre 72 religieuses, 3 religieux clercs et 10 religieux lais[4].
1222 : Diverses donations permettrons à la communauté de vivre en autarcie : donation de terres, labours, vignes, moulins et bois, etc
1249 : donation de Raymond VII de Toulouse qui avait une affection toute particulière pour l’ordre de Fontevraud. Dans son testament, il laisse à l’abbaye-mère 5000 marcs sterling, toute sa vaisselle d’or et d’argent et tous ses joyaux. Et à cinq prieurés de l’ordre, Bragerac, Longages, Sainte-Croix-de-Volvestre, La Grâce-Dieu et Lespinasse, il laisse à chacun des quatre premiers 100 marcs sterling et à Lespinasse 40 marcs sterling[5]. Il meurt le 26 septembre 1249. Embaumé il est transporté au prieuré fontevriste du Paravis par la Garonne. Les moniales le gardent jusqu’au printemps. Il est inhumé à l’abbaye-mère, sous l’abbatiat de Mabile de La Ferté (1244-1265).
1280 : mort au couvent de Sicart de Miremont[6], grand bienfaiteur du lieu. On voit son effigie de pierre sur une tombe sise en l’église devant l’autel, où sont inscrits ces mots : « Anno Domini 1280 Nonas Septembris obiit nobilis vir dominus Cicardud de Miramonte miles cuius anima requiescat in pace. Il se trouve une autre tombe, celle Honor de Durfort, son épouse, qui est de marbre sise dans le cloître du dit couvent où sont inscrits ces mots : Anno Christi 1283 13 Kalendas Aprilis obiit domina honorabilis de Duroforti monacha uxor Cicardi de Miramonte militis cuius anima requiescat in pace ». Son effigie et vêtements sont en gravure sur la dite tombe[7].
1317 : le pape Jean XXII crée le diocèse de Rieux et y rattache le couvent de La Grâce-Dieu.
Réformation
En 1460, Marie de Bretagne (1457-1477), pour réformer tout l’ordre, donne au père Guillaume Bailleul, grand prieur de Fontevraud, l’ordre de visiter tout l’ordre et de rapporter un compte exact du nombre de personnes religieuses qu’il trouvera dans chaque prieuré, l’état des maisons tant pour le spirituel que pour le temporel. La ruine des bâtiments, la perte des revenus à cause des guerres avec les Anglais provoque un grand désordre dans l’ordre[8].
Nous voyons dans quel abandon se trouve la grande majorité des prieurés. Seules 2 religieuses vivent à La Grâce-Dieu avec un revenu de 1000 livres[9].
1471 : Il est donné un vicariat à frère Jean Perdriau, prieur de la Grâce-Dieu, pour visiter les prieurés de Gascogne[10].
Le prieuré est détruit pendant la Guerre de Cent Ans, puis en 1492, le frère du seigneur du Puydaniel revendique des droits sur la seigneurie de La Grâce-Dieu[11].
Renée de Bourbon (1491-1534) tente aussi de le réformer, mais un refus de se dessaisir des biens du prieuré se manifeste de la part de l’ancien prieur de La Grâce-Dieu, Flateras qui a aussi exercé ses malversations au prieuré de Boulaur.
René de Bourbon intente plusieurs procédures pour faire restituer les droits et revenus de La Grâce-Dieu. Un mandement du roi prescrit l’arrestation des débiteurs du prieuré et spécialement des héritiers de Flateras. Ils sont coupables d’avoir dilapidé et de s’être emparés des biens du prieuré. Le contentieux est relatif aux terroirs appelés « Plante Roze, Debessetto, Sainctes Momenos et Casalduran »[12].
Une affaire de violences exercées à la suite de la réformation par le sieur de Puydaniel et par d’autres personnes contre le prieuré est également jugée. Ils sont accusés de « voleries, larrecins et austres exécrables faitz aux religieuses, religieux et serviteurs du couvent ». Ce ne sont pas les destructions et les pillages qui ont arrêté le service divin, il n’était plus exercé par Jean Flateras. L’abbesse autorise la prieure de la Grâce-Dieu à prendre la succession de ce dernier. En dernier lieu, un mandement du roi de France accorde aux officiers du roi de Navarre le soin de poursuivre la réformation dans le prieuré[13].
1535-36 : il existait dans l’église un reliquaire en argent, œuvre de Pierre Lézat, argentier de Toulouse. Il a été fait à la suite de l’accord passé le 4 mai 1535 entre cet orfèvre et Arnaud de Tauro, recteur, et Laurens Delars, consul, il pesait « un marc une unze et six deniers d’argent ». Ce reliquaire en argent était en forme de coffret[14].
Guerre de religion
Pendant les guerres de religion, en 1569, l’armée de Montgomery détruit le couvent. Il ne se relèvera que difficilement de ce désastre[15].
Reconstruction du couvent au XVIe siècle comme en témoigne la découverte d’une clef de voûte de la fin du XVIe siècle.
1590 : le 23 février Baptiste de Malvin, prieure antique de Lespinasse est nommée prieure à La Grâce-Dieu[16].
1633[17] : P V rédigé lors de la visite de l’église les 22 et 23/10/1633 par l’évêque de Rieux, Jean-Louis Bertier, il indique que « Saint Jean Baptiste est le patron de ladite église ». Dans l’église :
-le grand autel est en marbre. « Au milieu, une grande pierre de marbre noir enchâssée dans du bois et sur laquelle paraissent les marques de la consécration ».
-un autre autel dédié à Notre-Dame, à Saint-Jean-l’Evangéliste et à Saint-Benoît, en marbre, est affecté aux moniales.
-un autre autel où l’on ne célèbre pas la messe. Au milieu un tableau de Saint-Jean-l’Evangéliste.
-un reliquaire en argent dans lequel se trouve une petite pierre de la grosseur d’une noisette et un billet « de sepulchro Domini Nostri Jesu Christi »; un autre cartel en parchemin avec un papier « de aqua sudoris Domini in hora passionis sua » avec un autre parchemin écrit « de dente occulari beati Johannis Baptiste » où se trouve un morceau de dent. Ce reliquaire a disparu entre 1633 et 1697 car il ne figure pas dans l’inventaire des objets du culte dressé par Me Orens, recteur de La Grâce-Dieu, lors de la prise de possession de la cure en 1697[18].
-des fonds baptismaux au fond de l’église auprès de la grille des dames religieuses
-un vase de briques non fermé à l’intérieur un pot de terre pour tenir l’eau à baptiser. Il est demandé par l’évêque de remplacer le pot de terre par un en cuivre.
1634 : la plupart des curés fréquentent les cabarets, les paroissiens se plaignent de l’ indévotion de leur curé et « dissolution de son boire ». Mais ce qui est plus grave est la dissolution des mœurs du clergé régulier que le prélat constate lors de ses tournées épiscopales. L’évêque de Rieux recueille les plaintes des paroissiens de plus de cinquante paroisses.
Les maisons religieuses subissent le contrecoup de la perturbation qui règne dans la société. Les règles dans les monastères se sont énormément relâchées. Aux religieuses de Longages, de Sainte-Croix-de-Volvestre, de Lagrâce-Dieu, l’évêque leur rappelle l’étroite observance des règles de leur Ordre et les exhortent à « fuir les colloques et entretiens des personnes étrangères qui ne viennent les voir que par manière de divertissements »[19].
1637 : le nouveau curé trouve l’église en mauvais état. Il sépare le chœur de la nef par une balustrade de bois et commande un grand retable représentant le Baptême du Christ par Jean-Baptiste ou figure Sainte-Elisabeth et Saint-Zacharie. Ce retable est installé le 23 juin 1701[20].
XVIIIe siècle
1736 : Le cadastre-terrier de la Grâce-Dieu de François Gaillard, arpenteur, nous révèle que la supérieure des dames religieuses est seigneuresse du dit-lieu avec haute, moyenne et basse justice. Le couvent, leur église, sol et jardin, enclos fermé, au levant l’église paroissiale et le cimetière de la paroisse, au midi le ruisseau du Rozé, au couchant, le chemin et la place, contenant 4 « cesterées ». Elles possèdent un moulin, des terres labourables, des pièces de terre, vignes et bois[21].
1785 : La jouissance de l’église est commune entre les religieuses et les habitants. L’entretien est partagé ; le sanctuaire est à la charge des religieuses[22]. Les religieuses doivent assurer la solidité de la voûte pendant dix ans.
L’église de Lagrâce-Dieu qui servait jadis à la paroisse et au couvent a subi les « plus déplorables mutilations »

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste, et anciennement église du prieuré des religieuses, La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. Photo JGE, 1994
-Le mauvais état de l’église s’aggrave au début de ce siècle, lorsque le monastère est vendu comme bien national et rasé. L’église est adossée au cloître et la démolition de ce dernier affaiblit le mur situé au sud[23].
-1790 6 mai : il survient un orage, une pluie épouvantable ; les maisons ainsi que l’église sont inondés, tous les meubles soit des maisons et de l’église, même les devant d’autels sont en triste état[24].
-6 juin 1791 : une autre pluie importante inonde de nouveau tout le village et l’église. Tous les ornements de l’église sont « enbazés et gattés totallement ». Cette inondation cause un dommage considérable à l’église, il est nécessaire de faire des réparations et de racheter des ornements.
-Une année plus tard, le maire de Lagrâce-Dieu décide que les murs de l’église ont besoin d’être recrépis et tout l’intérieur blanchi. Il veut faire une réparation pour empêcher l’eau de rentrer dans l’église[25].
-21 septembre 1792 : le maire signale que le couvent des dames religieuses appartient à la Nation ; les dames de Lagrâce-Dieu sont sur le point de partir ; Mme la supérieure est partie. Il est intéressé par l’horloge et la cloche des moniales, proche de l’église paroissiale : elle « serait très nécessaire pour servir à la ditte commune ».

Dessin du clocher de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, La Grâce-Dieu. Tiré de Castela, 1886
-11 Messidor an III de la République ; le citoyen Jean-François Castella, curé de Lagrâce-Dieu avant 1790, demande à la municipalité de recevoir sa soumission aux lois de la République. Il est prévu que l’église reste ouverte journellement pour exercer le culte catholique et tout autre culte à la condition de prévenir la municipalité et que celle-ci pourra y lire les lois[26].
-27 mars 1803 : acte de possession de l’église de Lagrâce-Dieu et Magrens, l’ex curé Castella, après avoir exhibé l’acte de son institution canonique et l’acte de prestation du serment de fidélité, a requis de se mettre en possession réelle et personnelle de l’église de Lagrâce-Dieu avec l’autorisation de l’archevêque de Toulouse[27].
-19 février 1806 : réparation du marche pied du grand autel indispensable pour le service divin. La voûte de l’église est très dégradée, les arcs doubleaux ne sont pas d’aplomb, et la voûte menace d’une chute prochaine. Le Conseil municipal décide de la démolir et de la remplacer par un plafond en planches. N’ayant pas la totalité de l’argent, le maire propose de faire une souscription auprès des habitants de Lagrâce-Dieu. Le mur du côté du midi de l’église est en triste état depuis la démolition du couvent sur lequel il s’appuyait, il faudra le construire en tuiles cuites [28].
-18 octobre 1806 : la moitié de la voûte s’est écroulée avec la toiture, il est urgent de faire les réparations nécessaires.
-14 mai 1808 : la porte de l’église est exposée au mauvais temps, l’eau des coteaux rentrent régulièrement dans l’église ; il demande de faire un porche devant la porte.
-14 juillet 1820 : Un incendie de l’église fait d’énormes dégâts : le retable du maître-autel, sa garniture et les ornements d’église brûlent.
La commune n’a pas l’argent nécessaire pour faire les réparations indispensables pour pouvoir y célébrer le service divin. Elle va être remblayée d’environ 1 mètre sur le sol. On lui attribuera un autel en attendant de faire les autres réparations.

Plan de l’église des moniales de La Grâce-Dieu, dressé en 1851 par M. Bordes, entrepreneur à Auterive. Tiré de Routaboul Robert, 2001
–En 1841, la municipalité décide de démolir l’église et de la reconstruire dans l’année 1872 au même endroit[29]. A gauche, une chapelle est fermée par une belle grille en fer forgé provenant de l’ancienne église[30].

Plan de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Lagrâce-Dieu, Haute-Garonne. Relevé de Routaboul Robert, 2001

Intérieur de l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. C.P., Ed. Daniel
Iconographie
I – La Grâce-Dieu
Le prieuré a complètement disparu. Des jardins et des champs cultivés occupent la place du cloître et des bâtiments monastiques.

Dessin de la fontaine au centre du village surmontée de la statue de Saint-Jean, La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. Tiré de Castela, 1886, p. 6.
Au centre du village se trouve une fontaine : c’est une tour cylindrique sur laquelle se trouve une statue de Saint-Jean.
Une autre fontaine dite Saint-Jean se trouve à 200 m du village.

Fontaine Saint-Jean, La Grâce-Dieu, Haute-Garonne. C.P., Cliché Daniel
Eglise Saint-Jean-Baptiste
Le patron de la paroisse est Saint-Jean-Baptiste comme en témoigne l’inscription sur la cloche en bronze datée 1584 et qui est confirmé par le P.V. rédigé lors de la visite de l’évêque de Rieux, les 22 et 23 octobre 1633 où il est dit que « Saint-Jean-Baptiste est le patron de la dite église ». Inscription, « IHS MARIA S. JOHANNES BAPTISTE ORA PRO NOBIS.1584 » [31].
Le portail,
A l’extérieur de l’église Saint-Jean-Baptiste, XVIe, XVIIe siècle, brique
Subsiste un cintre de brique du portail qui donnait accès autrefois à l’ancien monastère[32]
Sarcophage de Sicard de Miremont
Marbre blanc, h = 70 ; la = 200, 1280
Contient la dépouille, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, précepteur des Hospitaliers de Boulbonne de 1248 à 1287. L’inscription latine : « L’an du Seigneur 1287, aux nones de septembre, mourut noble seigneur Sicard de Miremont, chevalier, dont l’âme repose en paix. Amen. Pater Noster »[33].
« ANNO : DÑI : M : CC : LXXX : VII: NONAS : SEPTEB : OBIIT : NOBILIS : VIR : DÑS : CIRCADUS : DE : MIRAMONTE : MILES : CUIUS : AĨA : REQESCAT IN : PACE – AMEN : PATER / NOSTER »
Sarcophage porté sur quatre colonnes de pierre, conservé au fond de l’église à l’ouest. Le défunt est représenté en gisant[34]. Le gisant est représenté armé de pied en cape, les mains croisées sur la poitrine et les pieds reposant sur un lion. L’ornementation se compose de rinceaux et d’écussons posés et alternant sur les faces de l’auge[35]. On admirera sur l’un des petits côtés une belle crucifixion : le Christ en croix entre la Vierge et Saint-Jean[36].
Épitaphe de Sicart de Miremont, 1287. Tiré de Favreau, 1982
Clef de voûte
Pierre, XVIe siècle, église Saint-Jean-Baptiste
Découverte vers 1900 dans le jardin du presbytère représente les armes de Jeanne de Montaut, prieure du monastère à la fin du XVIe siècle : « Au 1er et 4e, partie d’or à deux mortiers de sable qui est Montaut et de gueules à deux otelles d’argent, partie des Comminges ; aux 2e et 3e, de gueules fretté d’or qui est de Toulouse, seigneur de Quint ». Cette clef pourrait témoigner de travaux de restauration dans l’église à la fin du XVIe siècle après le pillage du couvent en 1569. Jeanne de Montaut fait représenter son blason à la clef de voûte pour signaler sa participation à la restauration de l’édifice[37].
Elle se trouve au-dessus du sarcophage de Sicard de Miremont, enchâssé dans le mur qui provient de l’ancienne église[38].
Il existait un plat de quête en cuivre repoussé du XVIe siècle: Saint-Georges terrassant le dragon[39] (œuvre disparue)
II – Miremont

Vue du village de Miremont, Haute-Garonne. C.P. Labouche
Sarcophage d’ Honor de Durfort[40], femme de Sicard de Miremont
Situé dans le cloître des moniales de La Grâce-Dieu, il est vendu à la Révolution à un habitant de Miremont qui l’installe chez lui. La cuve isolée de son couvercle a servi pendant un siècle d’abreuvoir pour les bœufs et les chevaux de la ferme ; le couvercle, renversé à l’angle du hangar, sert de mangeoire aux pourceaux.

La cuve du gisant de Honor de Durfort sert d’abreuvoir, fin XIXe s., Miremont, Haute-Garonne. C.P. Labouche
Bioussa Jean-Baptiste en fait don à la commune de Miremont le 16 octobre 1904 à la condition que la commune n’entre en possession qu’après son décès et qu’une plaque de marbre perpétue le souvenir de cette donation.
Il est installé dans les années 1910-12 à Miremont.
Il a subi une première restauration, en 1996, rendue inutile suite à un séjour prolongé dehors, près de l’église, square Jeanne d’Arc.

Gisant de Honor de Durfort, femme de Sicart de Miremont, Miremont, Haute-Garonne
Depuis 2012, il se trouve dans l’église paroissiale de Miremont.

Gisant de Honor de Durfort (1287), femme de Sicart de Miremont, église paroissiale de Miremont, Haute-Garonne.
Épitaphe d’une veuve devenue religieuse[41].
Inscription :
ANNO : X : M : CC : LXXX : VI : XIII : KLS : APL : OBIIT : DÑA : HONORIS : DE : DUROFORTI : MONACA : UXORIS : DÑI : CICARDI : DE : MIRAMONTE : MILITIS : CUA : AIA : REQESCAT : IN : PACE – AMEN
Elle est représentée en costume de religieuse et l’image est simplement gravée au trait. La décoration de sarcophage est faite d’un rinceau de pampres et de deux écus. L’un à la croix péroné, l’autre au lion rampant. Elle meurt le XIII des Kalendes d’avril 1286, c’est-à-dire le 20 mars1287[42].
Prieures
Sibille de Haute Rive | 1247 | Lardier, p. 377 |
Guillemette d’Anjou | 1502, 18 février | Lardier, p. 582 |
Ephigène Duplessis | 1545, 19 septembre | Lardier, p. 624 |
Baptiste de Malvin, prieure antique de Lespinasse | 1590 | Lardier Jean, p. 642.
|
Maurice Potier | 1593, 13 février | Lardier, p. 643 |
Jeanne de Montaut, | Fin XVIe siècle | Ed. Flohic |
Elisabeth de Bonnefoy | 1616 | Lardier, p. 665 |
Catherine de Gestes | 1631 | Lardier, p. 680 |
Brigide de Brugnac | 1634 | Lardier, p. 681 |
Prieurs
Guillelmus | 1179 | |
Flateras | Avant Jean Perdriau | |
Jean Perdriau | 1471 |
Nombre de religieuses
1209
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On dénombre 72 religieuses, 3 religieux clercs et 10 religieux lais.
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1460 | Seules 2 religieuses vivent à La Grâce-Dieu avec un revenu de 1000 livres.
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[1] NICQUET Honorat, Histoire de l’ordre de Font-Evraud, p. 444.
[2] BIENVENU, Thèse, p. 301.
[3] LARDIER Jean, Volume III de la Saincte Famille de Font-Evraud, p. 377.
[4] LARDIER Jean, op. cit., 1650, p. 423.
[5] NICQUET Honorat, Histoire de l’ordre de Font-Evraud, p. 444.
[6] Sicard de Miremont (Sicardus de Miramonte, de Miremonte) probablement un des fils de Bernard, un des témoins nommés dans le traité de paix entre Saint Louis et Raymond VII (1229), joua un certain rôle dans les événements qui suivirent la croisade contre les Albigeois.
[7] LARDIER Jean, op. cit., p. 492.
[8] LARDIER Jean, Volume III de la Saincte Famille de Font-Evraud, 1650, p. 560.
[9] LARDIER, op. cit., p. 560.
[10] LARDIER, op. cit., p. 562.
[11] Ed. FLOHIC, Le patrimoine des communes de la Haute-Garonne, Ed. Flohic, 2000.
[12] MAILLEUX Catherine, op. cit. , p. 92. A.D.M&L, 153 H 1.
[13] MAILLEUX Catherine, op. cit. , pp. 92-93.
[14] BARRIERE-FLAVY (Camille), Le diocèse de Rieux au XVIIe siècle, pp. 111-133.
[15] Ed. FLOHIC, op. cit., 2000.
[16] LARDIER Jean, op. cit., p. 642.
[17] ROUTABOUL Robert, Lagrâce-Dieu, p. 234.
[18] BARRIÈRE FLAVY, Les objets d’art du diocèse de Rieux, p. 401.
[19] BARRIERE-FLAVY (Camille), Le diocèse de Rieux au XVIIe siècle, pp. 111-133.
[20]ROUTABOUL Robert, op. cit., p. 234.
[21] A.D. Haute-Garonne, 1G 1.
[22] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 236.
[23] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 243.
[24] A.D. 31, 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836.
[25] A.D. 31, 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836.
[26] A.D. 31, 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836.
[27] A.D. 31, 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836.
[28] A.D. 31, 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal, 4 juin 1791-4 avril 1836, pp. 56-58.
[29] A.D. Haute-Garonne : 1 D 1 : registre de délibérations du conseil municipal.
[30] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 243.
[31] ROUTABOUL Robert, Lagrâce-Dieu, p. 232. PM 31 000 266
[32] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 246.
[33]FAVREAU Robert, MICHAUD Jean, LEPLANT Bernadette, LABANDE Edmond-René, Corpus des inscriptions médiévales de la France Médiévale, Ariège, Haute-Garonne, Hautes Pyrénées, Tarn-et-Garonne, CSCM, Poitiers, tome 8, 1982.
[34] FAVREAU Robert, MICHAUD Jean, LEPLANT Bernadette, LABANDE Edmond-René, op. cit., p. 5.
[35] BARRIERE-FLAVY, Les sarcophages de Lagrâce-Dieu et de Miremont, p. 167.
[36] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 245.
[37] Ed. FLOHIC, op. cit., 2000.
[38] ROUTABOUL Robert, op. cit.,p. 245.
[39] A.D. Haute-Garonne, 8 Fi 264-2.
[40] Commune ariégeoise proche de Miremont.
[41] FAVREAU Robert, MICHAUD Jean, LEPLANT Bernadette, LABANDE Edmond-René, op. cit., p. 6.
[42] BARRIERE-FLAVY, Les sarcophages de La Grâce-Dieu et de Miremont, p. 168.