Prieuré fontevriste de Libaud

Commune de la Réorthe

Cant. Sainte-Hermine

Arr. Fontenay-le-Comte

Vendée 85

Diocèse de Poitiers (XIIe siècle)

1317 : Diocèse de Luçon aux dépens de Poitiers

Province ecclésiastique de Bordeaux

Fondé entre 1116 et 1149, sous Pétronille de Chemillé[1]

Autres prieurés et domaines de la Vendée

Ardelon ou Ardillon, com. Saint-Gervais, cant. Beauvoir-sur-Mer, arr. Sables d’ Olonne. Dépend de La Lande-en-Beauchêne. Domaine

Bèhes, com. Saint-Valérien, cant. L’ Hermenault. Fondé après 1149, devenu domaine

Bois-Goyer ou Bois Gohier, com. de Mouchamps, cant. Les Herbiers, arr. de la Roche-sur-Yon, Prieuré-domaine

La Bruère, com. Puy-de-Serre, cant. Saint-Hilaire des Loges. Fondé après 1149, devenu domaine

Les Cerisiers, com. Fougeré, cant. La Roche-sur-Yon. Fondé sous Pétronille de Chemillé. Prieuré

La Fimaire alias La Fumoire, com. Montournais, cant. Pouzauges, arr. Fontenay-le-Comte. Prieuré-Domaine de Saint-Antoine

La Lande-en-Beauchêne, com. Sallertaine, cant. Challans. Fondé sous Robert d’Arbrissel, 1112. Devenu domaine

La Leue, com. La Rhéorte, cant. Sainte-Hermine. Fondé sous Pétronille de Chemillé.Devenu domaine

Saint-Juire-aux-Bois, com. Saint-Juire-aux-Bois (St Juire-Champgillon) cant. Sainte-Hermine. Fondé après 1149. Domaine ? Aucune mention à la Révolution

La Pignardière, Saint-Mars-des-Prés, com. Chantonnay, cant. Chantonnay. Fondé après 1149. Devenu domaine

Saint-Sauveur de Montaigu, com. Montaigu, cant. La Roche-sur-Yon. Fondé en 1642. Prieuré

Carte des prieurés fontevristes de Vendée. JGE 2022

I – SOURCES MANUSCRITES

A.D. Maine-et-Loire

Série H

172 H 1 Dons et acquêts et échanges – 1130-1600

172 H 2 Aveux et dénombrements – 1487-1763

172 H 3 Baux à ferme – 1388-1731

172 H 4 Censifs, terriers – 1482-1788

172 H 5 Droits féodaux – 1465-1788

172 H 6 Dîmes – 1487 (copie)-1694

172 H 7 Administration du domaine – XIIIe s.-1788

172 H 8 Procédures – 1481-1650

A.D. Vendée

Série J

81 J 1-2 : Fonds Gauly. Seigneurie de Libaud (la Réorthe) et son annexe le fief de la Barre dit le Châtaignier (Saint-Hermand). Philippe Henri Gauly est fermier de cette seigneurie.

81 J 1 : Terrier dressé par Pierre Vital Biaille de la Miltière, avocat en Parlement et sénéchal de la justice de Libaud, avec l’aide de Joseph Houillon, notaire de la baronnie du Puybelliard et greffier de Libaud et celle de Philippe Gauly, fermier de la seigneurie de Libaud, 1788.

II – BIBLIOGRAPHIE

BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, s. d.

BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, Thèse pour le doctorat d’ État, Faculté des Lettres de l’Université de Paris-Sorbonne, 1980, pp. 150 (n. 418), 256 (n. 327), 275 (n. 166), 317-318, 339, 343, 377 (n. 164, 166), 378 (n. 184, 186, 199), 383 (n. 264), 465, 485, 549.

BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1er tome-2000, 2e tome, 2005, p. 918 ; château, ch. 643, 762 ; prieuré fontevriste, 656, 914, 915, 916, 918, 919, 920, 921, 922, 923, 924, 925-926, 927, 928, 929, 930, 931, 932, 933-935, 937-941.

GAILLARD abbé G., Le prieuré-seigneurie de Libaud (1150-1791), Fontenay-le-Comte, 1940, 84p. (Archives de Vendée- BIB 753) et cure de La Réorthe.

GAUTIER-ERNOUL Joëlle, Le temporel de l’abbaye de Fontevraud en Haut-Poitou : le Nord Loudunais aux XVIIe et XVIIIe siècles, Université de Poitiers, U.F.R. Sciences Humaines, 1994, pp. 32,

LARDIER Jean, Inventaire des titres du Thresor de Font-Evraud, 1650, lettre L, pp. 270-271. Domaine

BRAHIM Agnès, Les prieurés fontevristes dans le duché d’Aquitaine, Mémoire de D.E.A, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Poitiers, 1994.

GAILLARD abbé, Prieuré-seigneurie de Libaud (1150-1791), Fontenay-le-Comte, 1940.

MARCHEGAY Paul, LA BOUTIÈRE L. de, Cartulaire du prieuré de Libaud, Archives historiques du Poitou, 1872, t. II, pp. 53-78. (32 chartes de la seconde moitié du XIIe siècle) (Bnf gallica)

POULAIN Jean, Dictionnaire de l’Ordre Fontevriste, C.C.O, Abbaye de Fontevraud, Janvier 2000, p. 98.

Dans le pouillé de Luçon, p. 61 : prieuré de Libaud dépendant de Fontevraud (pouillé d’ Alliot, 1648) ; p. 62, extrait de dom Fonteneau, dépendant de Fontevraud, 600 livres, 1 messe ; visite de Mgr de Mercy (1777-1778), 1 messe, chapelle en mauvais état.

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Prieuré-domaine de Libaud

Castrum Lebaudi, Liebaudum[2], Libaut[3]

La Réorthe est formé du bourg, Libaud, Féole et La Leue. Les communes limitrophes sont Chantonnay, Bournezeau, St Juire Champgillon et Ste Hermine.

Libaud surplombe le barrage de l’Angle Guignard. Au fond du village, on trouve la rue de l’Abbaye, appelée ainsi en souvenir d’une « seigneurie » appartenant à l’abbaye de Fontevraud.

Plan de la commune de La Réorthe. Site de la mairie de La Réorthe

Fondation

Entre Chantonnay et Sainte-Hermine, et à moins de 15 Kms du prieuré des Cerisiers antérieur à 1131, celui de Libaud, établi dans l’enceinte du château de ce lieu par Pierre Troneau de Sainte-Hermine, est bientôt doublé de la « maison » annexe et toute proche, de La Leue reçue d’un certain Pierre Barboteau. Le prieur commun à Libaud et la Leue, Renaud Gautier, procède à de nombreux achats et doit se défendre contre les prétentions et les usurpateurs des laïcs qu’il n’hésite pas, le cas échéant, à faire excommunier. Le prieuré de Libaud est nommé dans le privilège de 1136 (303)

De son temps, ce groupe Libaud-La Leue avait sans doute déjà essaimé à Saint-Mars-des-Prés, à l’est de Chantonnay, car un prieur de cet établissement se rencontre parmi les témoins d’un acte (318)[4].

Cartulaire de Libaud

Donné par le seigneur de La Réorthe aux religieuses fontevristes pour établir un prieuré dont l’existence conventuelle cessa au milieu des guerres du XIVe siècle.

MARCHEGAY Paul, LA BOUTIÈRE L. dans le cartulaire du prieuré de Libaud dénombrent 32 chartes[5] que nous trouvons dans la publication de Jean-Marc Bienvenu : chartes qui nous apprennent que Renaud Gautier, prieur de Libaud, est aussi le prieur de La Leue qui se trouve dans la même commune.

1124-1126 ou 1126-1127 : Pierre de La Réorthe et son frère donnent à la communauté de Fontevraud toute la terre et tout ce qu’ils possèdent à Libaud[6].

Avant ou après 1136 : Don de Libaud par Pierre Pétroneau de la Réorthe. Il fait diverses donations, terres, vignes, prés, pêcherie, d’un moulin et dîme du grain et du vin, autour du prieuré de Libaud ; son père Aimeri concède ces donations[7].

1137 : Acte de donation du lieu de la Jaunasse, paroisse de la Benate, fait à Pétronille abbesse de Fontevraud, par Benoît, moine d’ Orbestier, et acte de donation du lieu de La Barre-Saint-Sornin, paroisse de la Réorthe, fait audit Benoît par Pétronille[8].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Travers a donné à la communauté de Fontevraud ce qu’il avait sur la terre du Vigau, près du prieuré de La Leue, à savoir la coutume et cens sur les essarts ; il a reçu en échange trois quartauts de froment[9].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Barboteau et Ménard d’ Ougnette ont donné à la communauté de Fontevraud, le cens des essarts de deux terres incultes proches du prieuré de La Leue en recevant cinq sous de charité ; par la suite Guillaume Barboteau, héritier de Pierre, et Aimery Ménard ont donné, l’un le sixième, l’autre la moitié du fief de ces deux terres[10].

Seconde moitié du XIIe siècle : Guillaume Barboteau cède le fief et le cens des essarts de la part qu’il avait de la terre de Lambert Papin ; Raoul Poers a donné quant à lui le cens des essarts de sa part de cette même terre. Ce dernier, au moment de partir en pèlerinage à Rocamadour, donne le fief dont il avait déjà cédé la roture en recevant de Renaud Gautier (prieur de Libaud et La Leue) un cheval complètement harnaché[11]. Le même Raoul a donné en même temps sa part des pâtures de « Cancholia » avec l’accord de Guillaume Poers et des siens qui ont reçu une compensation[12].

Seconde moitié du XIIe siècle : Guillaume Barboteau a donné à la communauté de Fontevraud le fief d’une terre sise à Mortevieille, d’une autre à la Barre, et d’une autre aux Chirons[13].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Troneau a donné à la communauté de Fontevraud la maison de Libaud et ses dépendances dûment délimitées par des bornes et ainsi que divers autres biens, à savoir : 1) les tailles que le seigneur de Sainte-Hermine levait sur les terres cultivées par les Fontevristes ; 2) ce que les mêmes Fontevristes pourront acquérir de cette terre de Sainte-Hermine ; Hervé de Mareuil (sur-Lay) et son fils Thibaud Chabot ont concédé ces donations[14].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Renaud Gautier (prieur de Libaud) a échangé avec Aimeri Grinbert, homme des moniales et leur devant un cens annuel de 12 deniers ainsi que la dîme de tous ses animaux, le quart d’un pré et la moitié d’un autre contre la moitié d’une autre terre ; Renaud Gautier s’engage à garantir l’échange[15].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Raoul Poers, Aimeri Ménard et Guillaume Barboteau ont donné à la communauté de Fontevraud 1) ce qu’ils avaient d’une ouche jouxtant la terre de Pierre Travers sur la route de Sainte-Hermine ; 2) ce qu’ils avaient sur la terre de Chirons[16].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant : 1) qu’Hervé de Mareuil (sur-Lay) et son fils Thibaut Chabot ont donné à la communauté de Fontevraud et à un frère de celle-ci nommé Guillaume de « Sarberge »[17] la maison de La Leue libre de tout service en concédant au même Guillaume ce qui lui-même ou les autres religieux pourraient acquérir de la terre de Sainte-Hermine, ce que ces derniers possédaient déjà de la terre de Grinbert et tout ce que Raoul Grinbert avait donné en prenant l’habit fontevriste, à savoir les terres de Sous-les-Noyers, Sous-le-Poirier et de « Bottentret », le tout concédé par Guillaume et Pierre Travers ; 2) que la terre de « Bottentret » ayant été, en raison de la négligence des frères, accaparée et longtemps cultivée par un certain Gautier Gorrin, Renaud Gautier, prieur de Libaud et de La Leue, a trainé, témoins à l’appui, Gautier Gorrin devant la cour de l’archiprêtré de Pareds et s’est vu confirmer la possession de la dite terre ; 3) que Renaud Boschene, cousin de Gautier Gorrin,, ayant à son tour émis des prétentions sur cette terre de « Bottentret », Renaud Gautier en a appelé à Hunfroi, archidiacre de Thouars et que, celui-ci ayant prescrit à l’archiprêtre de Pareds de mettre Renaud Boschene sous le coup de la justice ecclésiastique, ledit Renaud, redoutant cette sanction, s’est présenté au jour fixé devant l’archiprêtre avec le prieur qui s’est vu reconnaître la terre tout en lui donnant un dédommagement de quinze sous[18].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant : 1) que Pierre Barboteau et Ménard d’ Ougnette ont donné à la communauté de Fontevraud le fief d’une terre proche du puits de La Leue, Pierre recevant vingt sous – tout en concédant une terre voisine du lieu dit les Noues, son épouse des bottes, Ménard d’ Ougnette deux setiers de froment, son épouse douze deniers et son fils trois deniers pour acheter un couteau et sa gaine ; 2) qu’ Aimery Coenneau a, quand à lui, donné à la communauté, entre les mains du doyen Constantin, le cens (roturam) des essarts de la terre dont le fief avait été donné par Pierre et Ménard et, en outre, la moitié d’une autre en recevant de Renaud Gautier (prieur de Libaud) quinze sous et une émine de fèves[19].

1162-1182 : Notice relatant qu’ Audéarde La Baude ayant donné à la communauté de Fontevraud ses possessions de La Leue, de la Barette, de Saint-Juire de la Chaumette et du Quarroi, celle-ci et ses enfants ont ensuite contesté ce don ; Renaud Gautier (prieur de Libaud) les a frappés d’excommunication de sorte que l’une des filles d’ Audéarde venue à décéder a été inhumée dans son jardin ; La Baude s’est alors présentée devant l’évêque de Poitiers, Jean aux Belles Mains, auquel le prieur a confirmé, témoins à l’appui, la réalité de la donation ; l’accord définitif a été conclu à Saint-Juire entre les mains du doyen Biscard : La Baude et ses enfants ont renoncé à leur prétentions en recevant du prieur la tenure du Quarroi et un denier chacun ; par la suite, Audéarde la Baude et son fils Geoffroi étant décédés, Bonin Baudez, fils de Geoffroi, a abandonné à Fontevraud la tenure précédemment reçu du prieur, donation concédée par sa mère, qui l’avait eue en douaire, et qui a reçu une émine de seigle ainsi que par son oncle, qui a reçu un quartaut également de seigle[20].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant l’achat à Guillaume Gouin, pour quinze sous, par Renaud Gautier (prieur de Libaud) du cens des essarts d’une terre proche de la Barette, achat concédé par Pierre Travers du fief duquel elle relevait[21].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Travers a donné à la communauté de Fontevraud une terre sise à l’ Épinée ; il a reçu de Renaud Gautier (prieur de Libaud) une somme de vingt sous et son épouse des bottes pour avoir concédé cette vente[22].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Guillaume Villain, partant pour Jérusalem, a donné à la communauté de Fontevraud le cens des essarts d’une minée de terre[23].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Bonette, épouse de Jean Maréchal, a donné en fief à la communauté de Fontevraud, entre les mains de Chabot de Nieul et de Guillaume Chabot, seigneurs du fief, cinq quarterées de terre sises dans la terre du cormier, quarterées n’étant pas sous gage et rapportant chaque année à Noël un cens d’un denier ; l’époux, le fils et la fille de Bonette ont concédé ce don ainsi que Chabot et Guillaume ; Renaud Gautier (prieur de Libaud) a fait remise à Bonette et à son mari d’une dette de quatre livres sur leurs terres et leurs vignes et a donné cinq sous aux seigneurs concédants[24].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant qu’ Arembour la Chotarde, son fils Thibaud, ses filles et ses gendres ont donné à la communauté de Fontevraud un vignoble jouxtant la terre de La Barette ; Pierre Travers, Geoffroi Baude et Pierre Baude, seigneurs du fief, ont concédé ce don et ont reçu douze deniers chacun de Renaud Gautier (prieur de Libaud et de La Leue) ; ce dernier devra toutefois verser deux deniers quand un service sera requis dans le fief[25].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Villain a donné à la communauté de Fontevraud le cens des essarts de deux sétérées de terre sises aux Plantes et devant chaque année, au choix du prieur,  un chapon ou trois deniers la veille ou le jour de Noël ; le prieur Renaud Gautier a donné deux setiers de froment à Pierre et un quartaut de fèves à son épouse Lucie ; Aimeri, Geoffroi et Raoul Poers, seigneurs liges du fief ont concédé comme Lucie, le don de Pierre et reçu du prieur douze deniers chacun[26].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Geoffroi Gauvegneau et son épouse ont donné à la communauté de Fontevraud le cens, avec une des gerbes, des essarts du Vignau près de la Barette, moyennant un denier annuel ; le prieur de Libaud, Renaud Gautier, entre les mains duquel ce don a été effectué par Pierre Travers, a remis, à l’instigation de ce dernier, un setier de froment au donateur[27].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Baude s’est donné à la communauté de Fontevraud avec tout ce qu’il avait dans le fief des Grinbert ainsi que douze deniers de cens sur un pré dus par la famille d’ Aimeri Grinbert ; il a été entendu qu’il serait admis comme religieux quand il le voudrait, lui-même se chargeant d’acquérir l’étoffe (ans doute de son habit) ; six personnes ont concédé ce don parmi lesquelles Bonin, neveu de Jean Grinbert, qui a reçu un surcot et Pierre Travers, seigneur du fief, qui a reçu cinq sous[28].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Travers a donné à la communauté de Fontevraud ce qu’il avait sur la terre de Guillaume Gouin, à savoir le terrage, la dîme et deux harnais à titre de cens ; son fils Guillaume a concédé ce don[29].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Geoffroi Gauvegneau et son épouse ont donné à la communauté de Fontevraud une minée de terre rassemblant une vigne et un bois à défricher ; le prieur de La Leue en a le cens des essarts et la dîme, les deux donateurs conservant le terrage et deux deniers de cens[30].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Renaud Gautier (prieur de Libaud et de La Leue) a acheté à Payen Raguener, à son épouse et à ses fils une vigne sise à Mont-Béraud, derrière sa maison ; le seigneur du fief a concédé cet achat et reçu douze deniers[31].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Baude s’est donné à la communauté de Fontevraud avec tout ce qu’il avait dans le fief des Grinbert et douze deniers de cens[32].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant qu’ Aimeri et Geoffroi Poers, en violent conflit avec Renaud Gautier, prieur de La Leue,  se sont emparés de cinq setiers de ses blés, mi-froment, mi-seigle, d’un porc valant quinze sous et ont incendié sa maison de La Leue, ce pourquoi ils ont été excommuniés, pour faire la paix, ils ont donné à la communauté de Fontevraud trois quartiers de terre à Joaneres, pour lesquels le prieur leur devra un denier de cens à la Saint-Georges (23 avril), somme doublée si le cens n’est pas acquitté au jour dit ; en outre Renaud Gautier a donné vingt sous à Aimeri et à Geoffroi ainsi que trois autres à leur neveu Guillaume qui a approuvé cet accord[33].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre le Paysan (alias Villain) a donné à la communauté de Fontevraud deux sétérées de terre aux Plantes et tout ce qu’il tenait en fief, à savoir le cens des essarts et la moitié du fief ; ce don a été approuvé par Aimeri et Raoul Poers, seigneur liges de Pierre, recevant de lui trois deniers de cens, et par la mère et le demi-frère de Pierre qui revendiquaient le tiers de cette terre ; Renaud Gautier (prieur de Libaud et de La Leue) a donné audit Pierre, quand il a fait sa donation, deux setiers et deux boisseaux de froment[34].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Pierre Travers a donné à la communauté de Fontevraud une minée de terre à la Barette et un essart en fief avec le cens (roturam) de celui-ci, don concédé par son épouse et ses fils ; Renaud Gautier (prieur de Libaud et de La Leue) lui a donné une ânesse blanche en échange de la minée de La Barette et du fief, et, en échange de deux chapons de cens que ledit Pierre percevait à titre de cens sur la minée, un chapon dont le même Pierre a fait remise au prieur[35].

Seconde moitié du XIIe siècle : Notice relatant que Suzanne, dame de La Réorthe, a donné en aumône en mourant à la communauté de Fontevraud un quartaut de froment à La Bretonnière[36].

Les temporels des prieurés étant considérés comme n’étant pas leur propriété mais celle de l’Ordre tout entier, il est à supposer que certains sont tenus d’envoyer à dates fixes des contributions financières à la maison-mère bien avant le second quart du XIIIe siècle où cette obligation est pour la première fois attestée tel à Libaud[37].

Plan de Libaud, com. de La Réorthe. Site de la mairie de La Réorthe

Guerre de Cent Ans (1337-1453)

Les malheurs de la Guerre de Cent Ans dépeuplent le Poitou et les communautés. L’abbaye de Fontevraud ne compte plus que 10 à 20 moniales. La pauvreté est générale, les rentes en argent et nature ne sont plus payées à cause de l’abandon de l’exploitation des terres. Les prieurés, les domaines, les locaux d’exploitation comme les granges, les moulins et les fours se retrouvent à la fin de la Guerre de Cent Ans dans un état lamentable. La quasi-totalité des prieurés de l’Ordre ont subit des destructions.

Réformation

A la pauvreté matérielle s’ajoutent l’absence de vocations et l’insubordination des religieux et des moniales. En 1460, la plupart des prieurés ne comptent plus que 2 à 5 religieuses et 1 à 2 religieux. Certains sont complètement abandonnés. Le pape Pie II autorise Marie de Bretagne à « supprimer et d’ esteindre quelques prieurés qui seroient hors d’ espérence de se pouvoir remettre et tout ensemble permis d’appliquer le revenu à la Crosse de l’abbesse et à la Mense du Grand Monastère »[38]

Le prieuré de Libaud est devenu un « domaine » ou une « seigneurie »

Il est d’abord géré par des frères fontevristes nommés quelque fois « gouverneur »: f. Nicolas Duc ; f. Jourdain Bomard, Remy Angrin (1429) (prieur de Saint-Jean de l’Habit ; 1436 : sous Marie d’ Harcourt (1431 à 1450), le frère Rémy Angrin est constitué doyen de Gascogne[39], Jean Boucheron (religieux de l’Ordre de Fontevraud, prieur de Saint-Ladre, mort à Fontevraud en 1489), Geoffroy Mousnier (prieur de St Michel de Fontevraud en 1456 ; prieur du Ladre de l’abbaye de Fontevraud[40]), f. Jean Olivier, 1429 (prieur de La Magdelaine de Fontevraud), f. Mathurin Macé, f. Guy Frosine, f. Jean Bardon, f. Jean Chanche (1492)[41].

Le domaine de Libaud est affermé en 1517. A partir de cette date, ce ne sont plus les frères fontevristes qui gèrent cette ferme qui est louée à un fermier. Le domaine ou ferme ou « seigneurie » est géré directement par l’abbaye. L’abbaye vend des bois de hautes « futaye » dépendant de Libaud pour acheter le domaine de la Chanfretière[42] pour la somme de 600 livres. Mme l’abbesse demande de bâtir un moulin, dans deux ans, proche de la maison de Libaud[43].

1777-1778 : lors de la visite de Mgr de Mercy, nous apprenons qu’il existe encore une chapelle en très mauvais état.

Censaire de Libaud, 4 février 1788. A.D. Vendée, 81 J 2

1er février 1788 : un terrier est dressé à la demande de Mme d’ Antin par Pierre Vital Biaille de la Miltière, avocat en Parlement et sénéchal de la justice de Libaud, avec l’aide de Joseph Houillon, notaire de la baronnie du Puybelliard et greffier de Libaud et celle de Philippe Gauly, fermier de la seigneurie de Libaud ; contenant l’aveu du fief de la Besnetière ; déclarations des domaines roturiers situés en la paroisse de la Réorthe, de Saint-Philibert et Le Pineau relevant de Libaud. Le second chapitre contient les titres rendus pour la mouvance du fief de la Barre dit le Chataigné en la paroisse de Saint-Hermand[44]. (294 pages). Libaud dans ce terrier est appelé « hôtel noble de Libaud ».

Terrier : Domaines utiles de Libaud dans la paroisse de La Réorthe :

Maison du dit lieu de Libaud ou le métayer loge consistant en chambre, cellier, grange, « toiterie court » à côté de laquelle est une chapelle dédiée en l’honneur de Sainte-Catherine, un jardin de 5 boisselées derrière la dite grange, un autre petit jardin.

Une ouche appelée l’Ouche du cimetière, une autre petite ouche, des prés, des champs, pièce de terre appelée Le Petit Fief, pièce de bois appelée Le Grenouilleau, autre pièce de bois appelée Les Renardières, quatre autres arpents de bois, le bois Jeanneau, les pièces de bois d’ Ollivier dit la Fenestre, deux boisselées de terre dans le grand champ de La Tremblay, une pièce de pré appelé le pré du Chatelet, un coteau dans lequel il existe appelé le coteau des Rivières, la grande prée joignant la rivière du Lay, une pièce de terre au terroir des Rivières, une autre au terroir du Verret, une pièce de terre appelée l’ Étang avec une coulure qui en dépend, deux pièces de terre près de la métairie du Noyer, plus une autre pièce de terre anciennement ancien bois[45].

Terrier : Domaines utiles du Chataigné en la paroisse de Saint-Hermand

La maison où le métayer Philippe Texier consistant en chambre basse, grenier au-dessus, grange, « toit toiterie », aire et « quaireux »[46] tenant de toute part aux terres du dit lieu – un jardin derrière la maison, un jardin devant la maison, le champ de la Porte alias Le Censif joignant la grange, le champ du Trechain, la terre du Cormier, le champ de la Couarde, trois boisselées de terre appelée Les Gabriottes, deux boisselées de terre au terroir Les Vallées du Champ du Bois, deux boisselées de terre située à Cassole, vingt boisselées de terre Le Grand Champ, vingt neuf boisselées, le pâti de quatre boisselées près de la métairie, le pré de La Raye, le pré de La Place tenant d’un côté à la rivière du Lay, d’autre part au terre du moulin de La Place dans la paroisse de La Réorthe[47].

Une étude pourrait être faite à partir des déclarations roturières de terres mouvantes de Libaud dans les paroisses de La Réorthe, Saint-Philibert (du-Pont-Charrault), des Pineaux et du « Censaire » de Libaud[48]. Apparemment cette seigneurie était très importante.(Photo)

Le 24 février 1788, Vital Biaille de la Miltière, avocat en Parlement et sénéchal de la justice de Libaud clôture le terrier[49]. (Photo)

Terrier de Libaud commencé le 1 février 1788.
A.D. Vendée 81 J 1

Conclusion

Le prieuré de Libaud, sûrement important au XIIe siècle, a décliné après la Guerre de Cent Ans. Il devient une « ferme » ou « domaine » ou « seigneurie » réunie à la mense abbatiale : au début gérée par les frères de l’abbaye, puis ensuite affermée à partir de 1517 à un paysan. Nous le trouvons nommé comme « ferme » lors de la visite du commissaire du district à l’abbaye à la Révolution qui trouve 14 sacs et une liasse, un censif et un terrier, contenant les titres des cens et rentes de ladite ferme.

Cadastre napoléonien de Libaud, 1828. A.D. Vendée 3 P 188/1

Iconographie

Que reste-t-il de cet ancien prieuré devenu domaine dans la commune de La Réorthe ? Nous irons sur place après le confinement


[1] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, s. d.

[2] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1er tome-2000, 2e tome, 2005, p. 918.

[3] LARDIER Jean, Inventaire des titres du Thresor de Font-Evraud, lettre L.

[4] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, pp. 318-319.

[5] MARCHEGAY Paul, LA BOUTIÈRE L. de, Cartulaire du prieuré de Libaud, Archives historiques du Poitou, 1872, t. II, pp. 53-78.

[6] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 762.

[7] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 643.

[8] A.D.M&L, 172 H.

[9] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 914.

[10] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 915.

[11] BIENVENU Jean-Marc, Naissance et ……, p. 465.

[12] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 916.

[13] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 917.

[14] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 918.

[15] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 919.

[16] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 921.

[17] Il s’agit peut-être du premier prieur de Libaud.

[18] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 922.

[19] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 923.

[20] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 924.

[21] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 925.

[22] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 926.

[23] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 927.

[24] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 928.

[25] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 929.

[26] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 930.

[27] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 931.

[28] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 932.

[29] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 933.

[30] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 934.

[31] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 935.

[32] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 937.

[33] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 938.

[34] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 939.

[35] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 940.

[36] BIENVENU Jean-Marc avec la collaboration de FAVREAU Robert et PON Georges, op. cit., ch. 941.

[37] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre Religieux, p. 256.

[38] GAUTIER-ERNOUL Joëlle, Le temporel de l’abbaye de Fontevraud en Haut-Poitou : le Nord Loudunais aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 32.

[39] LARDIER, La Sainte Famille, p. 543.

[40] GAUTIER-ERNOUL Joëlle, op. cit., p. 32.

[41] LARDIER Jean, Inventaire des titres du Thresor de Font-Evraud, 1650, pp. 270-271.

[42] Paroisse de Turquant, Maine-et-Loire.

[43] LARDIER Jean, op. cit., pp. 270-271.

[44] A.D. Vendée, 81 J 1.

[45] A.D. Vendée, 81 J 1.

[46] Toutes les constructions s’ordonnent autour du « Quaireux » : carrefour sur qui s’ouvrent les cours, etc..

[47] A.D. Vendée, 81 J 1.

[48] A.D. Vendée, 81 J 1-2.

[49] A.D. Vendée, 81 J 1.