BRAGERAC ALIAS SAINT AIGNAN
Commune Saint Aignan
Canton Saint-Nicolas de la Grave
Arrondissement Castelsarrasin
Tarn-et-Garonne (82100)
Diocèse de Toulouse
Diocèse de Montauban, 1317
Prieuré fondé sous Pétronille de Chemillé, première abbesse (1116 et 1149)[1]
Fait partie de la classe du Paravis
A donné naissance à un village
I – Sources manuscrites
A. D. Maine-et-Loire.
Série H
213 H 1 : Titres de fondation. Chartes anciennes et extraits XIIe-XVIIe
213 H 2 : État du prieuré. Réformation. Procédure 1536-1620
213 H 3 : Quittance de la solde des soldats chargés de la charge du prieuré 1585-1588
213 H 4 : Prieures : nomination. Procédures au sujet de l’occupation du prieuré par les religieuses de Longages 1620
213 H 5 : Affaire de la nobilité et de la taille 1632-1746
213 H 6 : Procès des religieuses contre les habitants. Correspondance. Exemption des biens de l’église du droit de confirmation 1739-1740
213 H 7 : Enquête sur les droits de la paroisse de Castelferus touchant le service de leur église (1488)
213 H 8 : Prieuré-cure : nominations, contestations et procédures 1459-1709
213 H 9 : Prieuré-cure : mémoires, procédures et correspondance au sujet du droit de patronage de la prieure 1557-1741
213 H 10 : Baux, arrentements, quittances de ferme et de décimes 1463-1594
213 H 11 : Baux, arrentements, quittances de travaux 1600-1700
213 H 12 : Terriers. Plans 1485-1564
A. D. Tarn-et-Garonne
H 233, 234 avec inventaire de 1790
G 564 : don effectué par Bernard Vacquier, marchand de Moissac, par son testament daté de 1286
Q 87 : vente des biens des religieuses de Saint-Aignan
3E 1001 : retour de l’horloge à la commune, 02/10/1792
Archives diocésaines de Montauban
Dossier 315 : Dessin et notes de L. de Finiels, 16 juillet 1872
B.M. Saint-Aignan
Un document sur Bragerac : des origines au début du XVIe siècle
A. N.
Copie partielle de Gaignières, Ms. Latins : 5480, t.II, p.29
II – Bibliographie
BIENVENU (Jean-Marc), Les premiers de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, thèse de doctorat Es Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1980, pp. 234 (n° 61), 254, 255, 257 (n. 341), 260, 261, 263, 274 (n. 159), 275 (n. 160), 276 (n. 186), 297 (n. 57), 301, 311-312, 323, 346, 379 (n. 214), 423 (n. 10), 437 (n. 151), 444 (n. 218), 448 (n. 256), 478, 481 (n. 110), 528. Prieur Aimeri, 257 (n. 341), 311, 312.
BIENVENU (Jean-Marc), Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, ss date.
BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand Cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, tome I, 2000 ; tome II, 2005.
BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, Grande Histoire d’un petit village Saint-Aignan, Association Vivre à Saint-Aignan, Impression Graphic, Montauban, 2000.
CLÉMENT (Pierre), Une abbesse de Fontevraud au XVIIe siècle, Gabrielle de Rochechouart, Paris, Didier, 1869, pp. 250, 255.
GALLIA CHRISTIANA, XIII. Instrumenta, col.16, n° XVIII.
GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
GAYNE abbé, Le prieuré fontevriste de Saint-Aignan (1122-1792), Bull. Soc. Arch. Du Tarn-et-Garonne (Montauban), 1921, p. 168.
GAYNE abbé, Le prieuré fontevriste de Saint-Aignan (1122-1792), Bull. Soc. Arch. Du Tarn-et-Garonne (Montauban), 1973, tome 98, pp. 35-47.
HELIOT Hippolyte (1660-1716), Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires…., Ed. Gosselin, 1714-1719, p. 95.
LARDIER (Jean), La Sainte Famille de Fontevrault, 1650, pp. 251, 252, 276, 423, 541, 543, 545, 563, 671, 685, 675.
LOMBARD Abbé, Un épisode des guerres de religion en Gascogne ; rétablissement du prieuré de Saint-Aignan en 1620, Bulletin archéologique, historique et artistique de la Société archéologique du Tarn-et-Garonne, 1933, pp. 35-61.
MALRIEU V., Un incident à propos d’une sonnerie de cloches au XVIIIe siècle, Bulletin archéologique, historique et artistique de la Société archéologique du Tarn-et-Garonne, 1923, pp. 76-77.
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MARBOUTIN J-R, Le prieuré du Paravis, ordre de Fontevrault, Agen, Imprimerie moderne, 1924.
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MOULENQ ( ), Documents historiques sur le Tarn-et-Garonne, Montauban, Forestié, 1884, t. IV, pp. 184 et …….
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PAVILLON (Balthazar), La vie du Bienheureux Robert d’Arbrissel….., Paris, 1666, pp. 391, 484, 486, 525, 621 preuve 231.
POULAIN Jean, Dictionnaire de l’Ordre Fontevriste, C.C.O, Abbaye de Fontevraud, Janvier 2000, p. 29.
QUATRE Sophie, Le prieuré du Paravis, Mémoire de maîtrise, U.F.R d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, Université de Toulouse Le Mirail, 1993.
SAMARAN Charles, La Gascogne dans les registres du trésor des chartes, BN, Paris, 1966, p. 100.
Autres prieurés du diocèse de Toulouse
Lespinasse, com., cant. Fronton, arr. Toulouse, Haute-Garonne, diocèse de Toulouse, fondé sous Robert d’Arbrissel.
Brie, com., cant. Saverdun, arr. Pamiers, Ariège, diocèse de Toulouse, fondé sous Pétronille de Chemillé.
Ste Croix-de-Volvestre, com. et cant. Ste Croix de Volvestre, arr. Saint-Girons, Ariège, diocèse de Toulouse, fondé sous Pétronille de Chemillé.
La Grâce-Dieu, com., cant. Auterive, arr. Muret, Haute-Garonne, diocèse de Toulouse, fondé après 1149.
Longages, com., cant. Carbonne, arr. Muret, Haute-Garonne, diocèse de Toulouse, fondé après 1149[3].
Prieuré de Bragerac, alias Saint-Aignan
Chapelle du prieuré dédiée à Notre-Dame

Village de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Au fond église paroissiale Saint-Jean-Baptiste. C.P. Dalles
1122
Le petit monastère de Bragerac alias Saint Aignan, situé dans la commune de Saint Aignan sur les bords de la Garonne, près de Castelsarrasin, choisit en 1122 de quitter l’obédience de la Congrégation du Bienheureux Giraud de la Sales, disciple de Robert d’Arbrissel, pour rejoindre l’observance fontevriste[4].
Il prend le nom de Saint-Aignan, évêque d’Orléans qui a défendu contre Attila sa ville épiscopale[5].
Avec l’accord de ses religieux et de l’évêque de Toulouse, Aimeri[6], prieur de Bragerac, déclare se soumettre à Pétronille de Chemillé, première abbesse de Fontevraud (1115-1149) et à celles qui lui succéderont. Sa décision peut s’expliquer car non seulement l’évêque de Toulouse est toujours Amélius qui, en 1114, a favorisé l’implantation dans son diocèse du prieuré de Lespinasse. Le monastère même de Bragerac doit probablement son origine à l’un des plus chers amis de Robert d’Arbrissel, Géraud de la Sales, également fondateur, en 1117 de la toute proche abbaye de Grandselve. Cette affiliation à l’Ordre fontevriste a peut-être été décidée lors de la visite que celui-ci a faite à Fontevraud aux lendemains du décès de Robert d’Arbrissel (1116).
C’est en la présence de l’abbesse Pétronille de Chemillé que la communauté des moines de Bragerac s’affilie à Fontevraud[7]. Pétronille est accompagnée par Joscelin, prieur du prieuré fontevriste de Tusson, les frères prêtres Foulque de Cossé, Sainfroi de Linières, Renaud de Mayenne et le frère lai Geoffroi de Clefs[8] ainsi que deux sœurs au moins, Richilde de Mayenne et Haoisa[9]. Les possessions, remises à l’abbaye en même temps que les chartes les concernant, sont sans doute accrues par la comtesse de Lomagne, Béatrice, présente en 1122 lors de l’affiliation. Aimeri, Bernard de Raymond, Guillaume d’ Escanne et Giraud de Groles souscrivent la charte et, en guise de sceau, font des nœuds à la lanière appendue à l’acte[10]. Témoins de cette donation : l’évêque de Lectoure, le prieur de Tusson.
« Scachent tous présens et advenir que nous soubsignez Aimery, humble prieur de Nostre-dame-de-Bragerac et les frères que Dieu m’a mis en charge, d’un mesme désir et commun consentement de tout nostre chapitre, nous avons donné et délaissé à perpétuité pour en jouïr paisiblement et sans trouble l’église de la bienheureuse Vierge Marie, sise au lieu appellé Bragerac avec toutes ses dépendances meubles et immeubles acquis ou à acquérir, à l’église de Saincte-Marie de Fontevraud et aux religieuses qui y font le service de Dieu. Et moy Aimery, prieur, au nom de tous ay fait ce don dans nostre église entre les mains de vénérable dame Pétronille, abbesse de Fontevraud, par le consentement et la concession du seigneur Aurelius, vénérable évesque de Tolose au diocèse duquel ladite église de Bragerac est située. De plus je, Aimery, prieur et nos autres frères, par l’avis du Sainct Esprit et de nostre dit évesque, nous avons promis de servir en la saincte religion à perpétuité suivant la volonté de l’abbesse de Fontevraud à Dieu et ausdites religieuses, soubs l’obéissance de ladite abbesse et de celles qui luy pourront succéder. Et obligeons par ce décret inviolable nos successeurs en ce lieu, de garder et observer la dite promesse. Et a esté pareillement ordonné qu’il ne soit jamais loisible à aucun de casser cette nostre donaison, ni la troubler en aucune manière qui soit ; que si aucun estoit si téméraire qu’ aiant esté adverty une et deux fois, il ne voulust pas désister de son entreprise et satisfaire, qu’il soit éloigné de l’entrée de l’église et tenu pour indigne de participer au Sacré Corps et Sang de Nostre seigneur Jésus-Christ. Et afin que cette présente donaison soit plus asseuré à l’ advenir, nous l’avons authorisée de nostre seing et au lieu de sceau, nous avons fait des nœuds aux lacs qui sont attachez. Furent présens de nos frères : Arnaud de Périgueux ; Pierre de Sales ; Bernard de Raymond, Giraud de Groles, Gautignard, Bernard Dupuy et tous les autres. Furent aussi présens : Guillaume de Leictoure ; Béatrix, vicomtesse de Lomagne ; Arnaud d’ Aramond ; Boirel ; Hugues de Messognes et plusieurs autres. De la part de l’abbesse : Foulque de Cocey ; Sainfroy de Linières ; Bernard de Mayenne ; Josselin de Tuçon, prieur, prestres et Geoffroy de Clée ; Richilde de Mayenne et Havoise, religieuses. De plus nous avons voulu déclarer à tous présens et à venir, comme nous avons rendu à ladite abbesse tous les titres où sont contenuz les dons faicts tant à nous qu’à nostre église :
Je, Aimery, prieur de Bragerac ay signé de ma propre main et ay fait un nœud aux lacets qui pendent en la charte
Je, Bernard de Raymond ay marqué de ma propre main en cette présente charte le signe de la croix et j’ai fait un nœud aux lacets qui y pendent
Je, Guillaume d’ Escannes ay marqué de ma propre main en cette présente charte le signe de la croix et j’ai fait un nœud aux lacets qui y pendent
Je, Giraud de Groles ay marqué de ma propre main en cette présente charte le signe de la croix et j’ai fait un nœud aux lacets qui y pendent »[11][12].
Les prieurés, originellement étrangers à l’ordre, conservent au moins au début le souvenir de leur autonomie et leurs anciens prieurs et prieures demeurent en place après leur affiliation[13]. Aimeri l’un des disciples de Giraud de la Sales[14], ancien compagnon de Robert d’Arbrissel, est choisi pour être le premier supérieur du monastère fontevriste de Bragerac en Gascogne, il « renonce à sa supériorité pour devenir Ministre des Servantes de Jésus-Christ, mérite qu’on en parle à jamais et lui a acquis une gloire immortelle »[15].
Les statuts de Robert d’Arbrissel ont explicitement interdit aux frères de recevoir des églises paroissiales. Les religieux de Bragerac avaient fait construire au lieu dit Fayet une église dont l’acte d’établissement, transmis avec le chartrier du monastère, est reproduit dans le Cartulaire[16].
Donations :
Charte concernant les nombreuses donations faites à Giraud de Sales et à Aimeri prieur de Bragerac ; date inconnue mais antérieure à 1120, année de la mort de Géraud de la Sales[17].
Charte concernant le don du bois de Fayet au prieur de Bragerac ; date inconnue mais antérieure à 1122, date à laquelle le monastère de Bragerac s’affilia à Fontevraud[18].
Les actes concernant la dotation foncière du prieuré de Bragerac dresse un tableau de la situation agraire de la région.
Charte concernant cent conchades de terre à Bragerac, sans doute à la même époque que la précédente[19].
Charte concernant le don de la terre dite de Mont Robat au prieur de Bragerac[20], sans doute à la même période que les précédentes.
Charte concernant l’alleu dit du Chêne à Bragerac[21], sans doute à la même période que les précédentes.
Charte concernant le pré dit du Palais à Bragerac[22], sans doute à la même période que les précédentes.
Charte concernant la terre dite de Rive Chien à Bragerac[23], sans doute à la même période que les précédentes.
Autre charte concernant le pré dit du Palais à Bragerac[24], sans doute à la même période que les précédentes.
Charte concernant 9 sétérées de terre au lieu dit « Cuneus » à Bragerac[25], sans doute à la même période que les précédentes.
Beaucoup de chartes sont des ventes faites par des seigneurs de chaque côté de la Garonne.
1126 : le 16 décembre 1126, une bulle d’ Honorius II confirme à l’abbesse et aux moniales la possession du monastère de Bragerac, au diocèse de Toulouse, affilié à Fontevraud depuis quatre ans[26].
1130 : Bragerac doit être surpeuplé puisque 20 de ses religieuses sont rappelées à Fontevraud[27]. Elles descendent la Garonne en vue de regagner Fontevraud. Elles sont retenues au Paravis, établi dans la plaine inondable de la Garonne où elle reçoit l’ Auvignon à une vingtaine de Kms en aval d’Agen. Raymond Bernard du Fossat, évêque d’Agen, (1128-1140) prend en effet sur lui de retenir les 20 moniales en justifiant son initiative par le renom de Fontevraud. Il les installe sur un lieu donné par le seigneur Amalvin du Paravis et un certain Forton Vig ou Vic[28]. Ces vingt moniales sont involontairement les premières occupantes d’un autre prieuré fontevriste, celui du Paravis établi dans la plaine inondable où le fleuve reçoit l’ Auvignon, à une vingtaine de kilomètres en aval d’Agen. L’évêque, Raymond Bernard du Fossat avertit Pétronille en justifiant son initiative par le renom de Fontevraud[30], dit avoir été mu pro famosa celebritate religionis vestrae[31].
1154 : Sous la troisième abbesse de Fontevraud Audeburge (1155-1180), le pape Alexandre III confirme les donations, exemptions et autres privilèges accordés au préalable par Eugène II et Eugène III et entre autres confirme le lieu de Bragerac avec ses dépendances, du don d’ Aimeri, prieur et de tous les frères dudit lieu[32]. On demande des moniales de Bragerac pour les trois prieurés espagnols : Le Parament du diocèse de Saragosse, Notre-Dame de la Vega de la Cerana au diocèse de Léon, Sainte-Marie de la Vega au diocèse d’Oviedo[33].
Cette maison change de nom et s’appelle Saint-Aignan :
- En 1122, Pétronille rend visite à Bragerac pour recevoir la donation faite par les religieux du lieu[34].
- Les papes Alexandre III, en 1164, Luce III, en 1183, Innocent III, en 1201, nomment le prieuré Bragerac, confirmant la donation faite par les religieux à Pétronille.
- Dans son testament, en 1249, Raymond VII, comte de Toulouse, fait mention du prieuré sous le nom de Bragerac[35].
Le prieuré garde sa nomination de Bragerac, il est encore en cours en 1312 dans une vente de 10 sétérées de terres.
La première mention de Saint-Aignan se place en 1317 lors de la bulle de fondation du diocèse de Montauban où la paroisse est mentionnée sous ce patronyme[36].
1209 : Lardier fournit des renseignements sur la population des prieurés en 1209 : le prieuré de Bragerac alias St Aignan compte 60 religieuses, 2 religieux clercs et 3 lais[37].
1130 : 20 religieuses sont rappelées à l’abbaye-mère puisque le prieuré est surpeuplé[38].
1249 : Raymond VII de Toulouse, mort en septembre 1249, dans son testament laisse 40 marcs de livres sterlings au prieuré de Lespinasse, la somme de 100 livres sterling est attribuée à Bragerac, Longages, Sainte-Croix-de-Volvestre, La Grâce-Dieu[39].
1317 : Nicquet indique que le prieuré de Bragerac alias Saint-Aignan dépend, à partir de 1317, du diocèse de Montauban[40].
1350 : le prieuré est pillé pendant la Guerre de Cent, les religieuses partent à Fontevraud et à l’Hôpital Saint-Louis de Castelsarrasin. En 1372, elles sont 20 religieuses à signer l’acte d’union avec les Escaplats où elles déclarent « n’être à Castelsarrasin qu’en attendant la construction d’un fort autour de leur prieuré de Saint-Aignan »[41]
Les habitants se réfugient dans l’enceinte du prieuré avec la permission de la prieure réfugiée à Castelsarrasin[42].
Nous na savons pas la date de construction du fortin : « tout conduit au bout du pont de bois par lequel on entre dans le fort et prieuré du lieu habité, auparavant les guerres, des nonaines. Fort comprenant 25 maisons et enfermant un deuxième fort où était l’église et couvent des dites sœurs »
1368 : Confirmation des droits que possèdent le prieuré de Saint-Aignan (ordre de Fontevraud) sur une maison et une chapelle sise près de la porte de Castelsarrasin[43].
1421 : Le prieur de St Aignan indique qu’il n’y a plus qu’une seule sœur nommée sœur Jourdaine[44] qui vit dans le prieuré.
1436 : Le couvent de Saint-Aignan est ruiné par les guerres. Il n’y a plus aucun feu audit village et ne demeure au couvent qu’une seule religieuse, sœur Giraude de Mauléon et le prieur Jean de Mauléon, après l’incendie du couvent[45].
1448 : Une transaction entre Marie d’ Harcourt, abbesse de Fontevraud (1431-1451), et l’abbé de Belle Perche à cause du prieuré de Saint-Aignan[46].
Réformation
1460-1461 : 600 livres de revenus, plus personne ne demeure dans le couvent[47].
En 1460, Marie de Bretagne, pour réformer tout l’ordre, donne au père Guillaume Bailleul, grand prieur de Fontevraud l’ordre de visiter tout l’ordre et de rapporter un compte exact du nombre de personnes religieuses qu’il trouvera dans chaque prieuré, l’état des maisons tant pour le spirituel que pour le temporel. La ruine des bâtiments, la perte des revenus à cause des guerres avec les Anglais provoque un grand désordre dans l’ordre[48]. Nous voyons dans quel abandon se trouve la grande majorité des prieurés. Sur les 13 prieurés visités, la majorité n’a plus que 4 à 5 religieuses ou religieux. Ceux de Fongrave, de Saint-Aignan et de Sainte-Croix-de-Volvestre sont déserts.
Mars 1514 : une enquête est ouverte ; les experts, maître-maçons déclarent que « l’église a mieux la ressemblance d’une étable réservée à l’honneur de Dieu, que d’une église, car elle n’a « ni verrières », ni fenêtres, sinon des ouvertures cernées de chatières ; le clocher posé sur torchis n’est pas solide ; le cimetière est mal entretenu, non clôturé ; les pourceaux et tout autre bétail peuvent y entrer»[49]
Les habitants eurent recours à Renée de Bourbon. A la suite de ce recours un arrêt du Parlement de Toulouse, un bail est passé pour la reconstruction totale de l’église le 15 mai 1519 pour la somme de 2250 livres 3 sols et 4 deniers[50], et est décrété que le tiers des revenus perçus sur la paroisse par la prieure sera affecté aux travaux[51]. Le 16 mai 1519 on passe un bail, mi patois, mi latin, devant la vieille église, les fabricants s’engagent sur les Évangiles. Les travaux sont terminés en 1530[52].

Terrier du prieuré de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne, 1485-1525. A. D. M & L, 213 H 12
1529 : Un arrêt du Conseil d’ État ordonne à Renée de Bourbon, de continuer la réformation des « membres et prieurez non réfformez de son ordre ». Ils ne sont pas en si grande décadence et ruinés que les religieuses et religieux ne puissent y suivre l’observance. Elle doit faire appel à des conseillers du dit conseil ou au seigneur lieutenant et chacun d’eux doit aller dans les prieurés afin de juger des réparations et restaurations et d’exiger l’observance régulière. Ils doivent saisir les fruits et revenus du prieuré jusqu’à ce que les réparations soient faites. Un tiers des revenus sont donnés à la prieure et prieur, religieuses et religieux à la charge de faire le service divin. Elle doit protéger les couvents nouvellement réformés des oppressions, « inquiétacion et empeschement »[53].
Depuis plusieurs années, la prieure du Paravis est chargée de gérer les biens du prieuré de St Aignan ou Bragerac. Ce prieuré est dans un état de délabrement. Il n’y a ensuite plus eu de religieuses et les biens sont administrés par un procureur sous l’autorité de la prieure du Paravis[54].
1491-1534 : Renée de Bourbon nomme son vicariat pour visiter tous les couvents de l’ordre tant réformés que non réformés. Elle nomme pour la province de Gascogne, en 1522, les frères Antoine de Burion et le frère Jérosme Paris. Après le décès du frère Louis François pour la Gascogne, elle nomme le frère Denys Chedeville.
Renée de Bourbon le 23 juin 1522, envoie des religieuses pour la réformation du prieuré du Paravis[55].
1524 : Ce couvent est déjà réformé quand Renée de Bourbon, le 20 septembre 1524, donne à sœur Marguerite de Caumont, prieure du Paravis, un ample vicariat pour les prieurés non réformés de la Gascogne[56].
1560 : le village et le prieuré n’échappe pas aux guerres de religion. Le triangle Toulouse-Montauban-Agen est investi par les troupes royales (1561-1563). Les religieuses ont abandonné le prieuré vers 1562. Les 15 à 18 religieuses trouvent refuge aux prieurés fontevristes du Paravis (Lot-et-Garonne), de Longages (Haute-Garonne) et de Boulaur (Gers). Les livres de compte fournissent quelques renseignements pour les années 1565 à 1588 : les domaines n’ont rien rapporté à cause de l’occupation des terres par ceux de la religion prétendue réformée.
1581, mai : le visiteur envoyé par l’abbesse trouve le prieuré dans un état lamentable. La chapelle est détruite. Au mois de juin 1592, l’abbesse fait savoir que si les habitants de Saint-Aignan ne veulent pas assurer la garde du prieuré, elle va le faire démolir.
En 1591, les consuls Auziel et Descazeaux adressent à la prieure du Paravis une lettre qui indique la misère et l’injustice qui frappent le village, l’abbesse déclare « qu’elle n’a pas la volonté de payer ni les prêtres… ni les soldats.. ni même la moitié »[57]. Pas de prêtres, pas de prieur.
La prieure du Paravis afferme pour elle, les revenus du prieuré de Saint-Aignan à deux étrangers de Castelsarrasin, Jean de Pagès, receveur des tailles du diocèse de Montauban et Hugues de Prades, bourgeois.
Saint-Aignan est rattaché à sa zone géographique naturelle : la Gascogne que de façon épisodique. Lié au comte de Toulouse, il dépendra de la sénéchaussée, du diocèse et du Parlement de Toulouse. Paroisse du diocèse de Montauban jusqu’en 1317, la commune est rattachée à la généralité de Montauban. En 1716, par division de cette généralité, village et habitants redeviennent « gascons » par la création de la Généralité d’Auch[58].
XVIIe siècle-Réformation et restauration du prieuré par
Louise de Bourbon de Lavedan (1611-1637)
1609 : l’évêque de Montauban, Anne de Murviel, visite le prieuré de Saint-Aignan qu’il trouve vide et demande aux supérieurs de le rétablir.
En 1617, frère Samuel Percheron, un des procureurs de l’abbesse, vient à Saint-Aignan pour arrenter et affermer les revenus du prieuré. Il va prendre en main l’administration et les affaires du prieuré. L’année suivante, il donne 13 livres d’aumône pour les pauvres de Castelferrus ; il paie les décimes au receveur du diocèse. Il revient à Saint-Aignan à la demande de l’évêque et des habitants pour voir les réparations à faire à la maison prieurale. Il trouve une partie de la maison, celle proche de l’église du village, bâtie sur un mur en terre et qui est en train de s’écrouler. Il conseille de le démolir et de le rebâtir sur l’église du prieuré. Cette dépense ne coûterait que 600 livres[59].

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. C.P.
Heureusement le 12 octobre 1619, Louis XII et sa mère Marie de Médicis viennent à Fontevraud pour présider à l’installation de Marie de Bourbon. Marie de Médicis remet à l’abbesse une somme considérable destinée à la restauration des prieurés de Saint-Aignan, de Sainte-Croix-de-Volvestre et de Momères[60].
1619 : Madame Louise de Bourbon de Lavedan, abbesse de Fontevraud (1611-1637), rétablit trois couvents Sainte-Croix-de-Volvestre, Saint-Aignan et Momères, elle rétablit le service divin, « sa piété ayant su trouver moyen de les remplir d’un juste nombre de religieuses qui en avaient été destitués depuis longtemps »[61].
11 février 1620 : sœur Catherine de Pontac, professe du Paravis nommée prieure[62] par l’évêque de Montauban. Elle est issue d’une famille de magistrats bordelais[63]. Elle hésite car le prieuré se trouve encore vide[64].
Entre temps Isabeau de Brugnac, religieuse fontevriste professe de Longages, se faisait pourvoir du même prieuré, avec l’aide de son frère à la tête d’une petite troupe. Elle s’installe avec quatre religieuses de Longages[65].
6 mai 1621, Louise de Bourbon envoie une lettre d’obédience à sœur Isabeau de Brugnac lui intimant l’ordre formel de se « transporter en bonne et honneste compagnie sans vaquer çà ne là, de notre couvent de Sainct-Aignan, où estes de présent, jusqu’au dict Longaiges pour y demeurer tant il Nous plaira et y vivre religieusement » [66] et de rejoindre avec les quatre religieuses, leur prieuré de Longages.
17 mai 1621 : le père Bernard Boursin, vicaire général, au nom de Louise de Bourbon, défend aux religieuses de Saint-Aignan de recevoir les sacrements, ni conférer en aucune manière avec Ramond Crotte, prêtre du diocèse de Lombez. Il fait contresigner cette interdiction par l’évêque de Montauban qui ordonne à son tour à ce prêtre de quitter diocèse. Celui-ci avait guidé les religieuses dans leur désobéissance à la Supérieure légitime[67].
Elle demande un nouvel inventaire de la maison priorale. Nous trouvons un état proche de la misère. Elle veut réparer peu à peu le prieuré et la clôture pour les rendre conforme aux règlements et pour lui permettre d’accueillir des novices.
Les moniales vont habiter, durant deux ans, le château de Castelferrus pour permettre la reconstruction du prieuré[68].
1622 : le prieuré est protégé par une clôture dès 1622. Cette clôture occupe la première enceinte du fort de 1525.
1623 : la prieure, faute d’avoir un prieur fontevriste accorde à un prêtre de Castelsarrasin, Pierre Roux, l’autorisation d’assurer le service divin des dames religieuses moyennant 250 livres pour trois ans. Il sera tenu d’avoir soin aux affaires temporelles des dames de Saint-Aignan. L’abbesse n’a pas jugé bon de leur envoyer un religieux de l’Ordre pour confesseur et intendant de leurs affaires, à cause du petit nombre des religieuses, et surtout de l’état du couvent[69].
La même année, la prieure donne à un ouvrier de Castelferrus à couvrir à neuf, un pigeonnier qu’elle a fait bâtir (c’est le seul bâtiment qui reste de l’ancien couvent).
Le départ de l’ancienne prieure Isabeau de Brugnac n’a pas calmé les esprits, Elle a laissé à Saint-Aignan et Castelsarrasin et Castelferrus des partisans ; de sourdes colères animent encore quelques habitants contre Catherine de Pontac.
Le 16 août 1623, Me Jean Déjean, notaire royal de Fageolles faisait tout pour lui et pour la pluralité des habitants de Saint-Aignan une dénonciation « des extorsions et mauvais traitements faits aux habitants par Catherine de Pontac, soy disant prieure depuis deux ans et demy ». Cette lettre devait être envoyée à l’abbesse de Fontevraud. Trois habitants de Saint-Aignan, soutiennent Isabeau de Brugnac ; la prieure de Pontac fait venir des gentilshommes du Bordelais qui menacent les habitants de les assassiner s’ils continuaient à soutenir Isabeau de Brugnac. Le dimanche 5 novembre 1623, les consuls de Saint-Aignan rassemble les habitants de Saint-Aignan sur la place publique à l’issue de la messe : «on aurait fait entendre à Mme Louise de Bourbon, abbesse de tout l’Ordre de Fontevraud, que Mme de Pontac aurait accoutumé de mener et conduire les religieuses à une lieue loin du prieuré, qu’elle exercerait sur les habitants plusieurs malversations, et, prenant, de l’un et de l’autre pour de simples assignations 30 et 40 livres, qu’elle tenait tout le lieu en procès de division, que la dite dame ne faisait pas faire les divins offices dans l’église du prieuré…. »
Mais « A été délibéré aussi et attesté par tous les habitants que aucun d’eux n’a jamais vu ni ouï dire que la dite dame et que ses religieuses depuis qu’elles sont retournées au dit prieuré en soient jamais sorties, soit pour aller promener ou autrement….. que la prieure fait des offices dans son église aux heures accoutumées, que chaque jour de la semaine il s’y célèbre deux ou trois messes, …que la dame est soigneuse de faire dire des sermons…. Qu’elle voudrait que l’église de la dite paroisse fut ainsi servie, dans laquelle depuis deux ans, les messes ne s’y disent que fort rarement ». Les habitants désavouent les plaintes fausses et calomnieuses.
Le village se voit attribuer un prêtre séculier par l’évêque d’Agen, Pierre de Sardos de Castelsarrasin où il réside. Il semble que le recteur Pierre de Sardos est, comme sa famille, parmi les partisans d’Isabeau de Brugnac et l’adversaire de sa rivale.
Une paix toute relative s’installe entre le Prieuré et le village[70].
Vers 1633, on compte 10 religieuses de chœur, 2 novices, 2 postulantes, 2 converses et un jardinier.
1635-1640 : A peine réinstallées surgit un nouveau souci ; la nobilité des terres. Le Trésor royal, toujours à l’affût s’intéresse à l’exactitude de cette qualification. Les titres anciens ne suffisent pas. Il faudra subir la loi des contrôleurs. Les moniales de Saint-Aignan se voient « saisir » des possessions qu’elles sauveront du naufrage par l’acceptation d’un compromis financier : taxe globale fixe et annuelle[71].
1650 : épidémie de peste : 70 décès pour l’année 1652 et 45 pour 1653. Soit le quart de la population. Au couvent, 4 victimes ; elles meurent sur un lit de cendres, sont inhumées un voile sur la tête, mains dans les manches, dans la chapelle du monastère[72].
L’occupation des moniales de Saint-Aignan est l’éducation des jeunes filles, vocation principale dans tout l’Ordre. C’est parmi ces pensionnaires que l’on recrute les novices.
1668, 12 novembre : le prieuré afferme une tuilerie lui appartenant. Il s’agit probablement de l’emplacement de la maison Chinonis- le lieu-dit s’appelle toujours « La tuilerie »[73].
1670 : Prieuré signalé dans Nicquet faisant partie du diocèse de Montauban et des douze prieurés fontevristes de la classe du Paravis. Ces maisons choisissent comme visiteur le R. père Estienne Ferchaut, religieux de l’observance de Saint-François[74].
XVIIIe siècle
1702, 22 mars : elles afferment le port qui leur appartient et qu’elles ont aménagé quelques années auparavant (derrière la mairie actuelle). De ce port existe encore l’embarcadère, mur en briques parfaitement conservé[75].
Affaire de la moniale de Melet
1704 : L’abbesse Gabrielle de Rochechouart de Mortemart (1670-1704) adresse, le 5 janvier 1704, un mémoire au secrétaire d’ État La Vrillière au sujet d’un conflit d’attributions survenus dans le diocèse de Montauban, à propos d’une religieuse, sœur de Melet, du couvent de Saint-Aignan « qui étoit tombée, disait-elle, dans une faute honteuse, à laquelle elle avoit dû appliquer la pénitence prescrite par les canons », et par la règle de Fontevraud pour de pareilles fautes. Elle trouve une protection auprès du parlement et de la sénéchaussée de Toulouse pour quelques défauts qu’il avait relevés dans la procédure de la juridiction ecclésiastique. Des officiers de la sénéchaussée enfoncent les portes du couvent et enlèvent la religieuse pour la placer dans un autre monastère de la région. Mme l’abbesse pense qu’on lui rendra justice de cette violence qui cause « un avilissement notable à son Ordre » surtout dans une région où la plupart des esprits sont hautains et indociles et « ne peuvent être gouvernés que par la crainte »[76]. L’abbesse se plaint au roi mais ne peut rien obtenir puisqu’un avocat de Paris a trouvé quelques défauts de formalité.
L’affaire était d’autant plus grave que le complice parait être le curé de Saint-Aignan, et que l’évêque nouvellement nommé à Montauban s’est prononcé pour lui, à cause de la contestation existante toujours entre l’abbesse et les évêques. Le curé, par la situation de son église et de sa demeure a facilement accès au parloir des religieuses.
La véracité du père visiteur de Fontevraud qui a fait l’enquête ayant été suspectée, l’abbesse invoque en sa faveur le témoignage de Bossuet qui le connaissait[77]. Dans une lettre à Roger de Gaignières du 21 août 1703, Gabrielle de Rochechouart indique que le curé de Saint-Aignan s’appelle Malatie. Et indique qu’un nouvel évêque est nommé à Montauban et que cet « homme artificieux surprendra peut-être ». Ce serait un malheur pour cette pauvre maison de Saint-Aignan. Ce curé a déjà la protection d’un des évêques de la province, mais, il est fort décrié parmi toutes les personnes qui le connaissent[78].
Le mauvais succès de cette affaire a causé plusieurs désobéissances de la part de quelques couvents de Gascogne, et a été la cause de nouveaux désordres dans la communauté de Saint-Aignan. L’abbesse interdit la réception des novices et des pensionnaires. Elle envoie des anciennes religieuses des couvents de son ordre et les installent à Saint-Aignan dans l’espérance d’y introduire la réforme.
Pour l’abbesse de Fontevraud, Malatie, curé de Saint Aignan, à l’origine de la corruption de mœurs « jointe à l’artifice de son esprit », est un poison mortel pour une petite communauté déjà mal disposée et de laquelle le parloir est trop facile d’accès pour ce curé. Mr Desmond, évêque de Montauban est persuadé que cet ecclésiastique est pernicieux, non seulement à la maison de Saint-Aignan, mais encore à tout le diocèse, qu’il a écrit plusieurs fois à l’abbesse de Fontevraud et qu’il dit plus souvent à ses vicaires qu’il cherche par tous les moyens de l’éloigner. Il le renferme plusieurs mois dans un séminaire. Il se résout enfin à solliciter une lettre de cachet qui pourra délivrer son diocèse d’un homme si dangereux, et il demande à l’abbesse d’appuyer sa demande. Une lettre de cachet demande au curé de quitter le diocèse et lui ordonne d’aller à Clermont en Auvergne. Mais le curé demeure dans la province et publie des menaces contre l’abbesse de Fontevraud et son Ordre, se vantant de les décrier à la cour où il avait, disait-il, des protecteurs. Il vécut plusieurs mois à Paris et revient à Saint-Aignan avec une révocation de la lettre de cachet. L’abbesse demande qu’on prenne la peine de consulter M. l’archevêque d’Albi, touchant la conduite de ce curé qui se permet de décrier le père Roucellet, visiteur de la province dont la probité n’a jamais reçu la moindre atteinte et est connu depuis plus de vingt ans par M. l’évêque de Meaux[79].
3 novembre 1738 : déclaration de leurs charges et revenus à la demande de l’évêque de Montauban. Le nombre de religieuses n’est que 17, et se disent « dames directes et foncières de Saint-Aignan et Castelferrus », qu’elles possèdent, entre autres biens, de deux métairies, d’une vigne et d’un îlot sur la Garonne. Leurs revenus s’élève à 2300 livres et leurs dépenses à 1330 livres, non compris les frais d’entretien de la communauté. En 1751, elles déclarent parmi les revenus le droit de passage sur la Garonne qu’elle afferme pour la somme de 530 livres.
1735 : inondation, les récoltes sont ravagées ; c’est la misère.
1739 : la Cour des Aides de Montauban déclare roturiers tous les biens des religieuses sauf l’enclos, le monastère et la chapelle[80].
1740 : les religieuses sont condamnées à payer les tailles depuis 1738 (320 livres 10 sols) offrent 400 livres pour tout solde. 50 livres sont utilisés pour décorer et dorer l’autel Notre-Dame de l’église.
1744 : La prieure reçoit une lettre de Louis XV « DE PAR LE ROY ; CHÈRE ET BIEN AIMÉE ; Etant informé de l’état de votre communauté, Nous Vous demandons de ne plus recevoir de novices jusqu’à nouvel ordre de notre part. Car tel est notre plaisir. Donné à Dunkerque le second de juillet 1744. LOUIS»
C’était une condamnation à long terme : la communauté allait devoir s’éteindre, ses membres ne se renouvelant pas.
La prieure supplie l’abbesse de Fontevraud d’intervenir et enfin une lettre du Roi, datée du 9 février 1760, seize ans après, les autorise à recevoir, de nouveau, des novices. La vie reprend comme auparavant : une vingtaine de religieuses, une trentaine de pensionnaires, deux servantes, des valets[81].
Durant le XVIIIe siècle, le nombre des religieuses de chœur varient entre 14 et 18, les converses de 2 à 4, ce qui avec un chapelain, un régisseur, un jardinier, un valet et deux servantes, portent l’effectif à 25 personnes, avec autant de pensionnaires[82].
1756 : Bénédiction de la grande cloche refondue de l’église ; parrain le curé Thouret ; marraine dame Jeanne Barbarin, prieure du monastère.
1768 : Grande tempête ; le vent a fait tomber plusieurs maisons et le toit de l’église paroissiale[83].
1770 : Terrible inondation le 8 avril ; Désastre total. Destruction des récoltes et des biens.
1771 : les dames font construire une levée considérable de 600 m au-dessus du port pour arrêter les eaux dans un nouveau canal que la dite rivière a commencé à pratiquer[84].
Jusqu’en 1762, on enterrait dans le cloître les moniales, leurs confesseurs et les domestiques. En 1782, un édit royal le défend par hygiène. A cette date a lieu l’inauguration du nouveau cimetière du prieuré à côté du paroissial actuel, un peu au-delà du pigeonnier[85].
Revenus
Revenus du noviciat et revenus fonciers s’ajoutent les droits féodaux, l’exploitation d’un moulin à nef, d’un bac avec maison pour le passeur, et un port rendu rentable par le déplacement du lit principal du fleuve. Elle achète un cheval pour faciliter les déplacements[86].
1772 : le curé de Saint-Aignan refuse de sonner les cloches de l’église paroissiale pour le décès d’une religieuse du couvent. La prieure, Mme Modery, consulte un homme de loi de Castelsarrasin. Il lui conseille de ne pas lui faire de procès, qu’il est le Maitre de la sonnerie des cloches pour l’heure des offices de sa paroisse. Il lui conseille, aussi, pour la prochaine fois qu’elle veuille qu’on sonne les cloches, qu’elle s’adresse au Consul. Non satisfaite de sa réponse, elle réitère sa demande auprès d’un vieil avocat qui lui fait la même réponse. Nous ne possédons pas la fin de cette histoire[87].
Le port : Seigneuresses des lieux, seules les religieuses en ont la jouissance. Elles ajoutent aux revenus du « passage » et d’un moulin à nef, ceux tirés du port et autres droits. En 1724, la Garonne s’éloigne, change son lit, se transforme en ruisseau à cet endroit[88].
Tuileries
Le développement du village les incite à créer une tuilerie au bord de la Garonne. Le cadastre de 1778 les situe avec exactitude « au midy et au couchant » du village et en mentionnent les propriétaires. La plus ancienne appartient aux religieuses près de leur couvent et du port. Elle fonctionnait encore en 1789.
Révolution
26 février 1790 : la municipalité veut faire l’inventaire des biens : leur revenu est estimé à 8800 livres avec 1356 livres de charges. On trouve une réserve de 10 175 livres provenant de la pension des jeunes filles de l’internat.
26 mai 1790 : inventaire du couvent dressé par la Municipalité de Saint-Aignan[89].
-Sacristie avec objets de culte chandeliers, croix de procession (argent), « soleil » en argent, ciboire et custode en argent 12 chandeliers d’autel argentés, six dorés et linges de culte.
-Monastère : 10 lits, 13 armoires
-Aux archives : 41 liasses contrats de propriété
-Chai : 6 cuves ou pièces vinaires qui peuvent contenir 40 barriques
-Cave : 38 barriques dans la cave, dont 5 pleines de vin
-Clocher : 2 cloches et une horloge frappant sur une des cloches
-Dortoir : 18 cellules[90]
Les religieuses sont au nombre de 16 la plus âgée a 67 ans, la plus jeune 25 ans.
Peu après on élit la prieure, c’est Marie de Latour d’ Auxillès, originaire de Cornilhas près de Valence-d’Agen qui est élue.
Le 28 janvier 1791 : les municipaux rendent une visite au prieuré afin d’obtenir une déclaration de chaque religieuse afin de savoir si elles veulent quitter le monastère ou continuer la vie religieuse. Elles déclarent toutes vouloir continuer la vie commune et mourir dans le prieuré de Saint-Aignan[91]
1791 : une forte inondation surprend les meuniers du moulin à nef. Le 13 février, il part à la dérive et vient s’échouer un peu plus loin. Le 14, l’eau entraine le moulin, le renverse et il se démantèle. La prieure accuse les meuniers de négligence et la municipalité d’incapacité. Elles sont à leur tour, poursuivies pour refus de câble. La municipalité, chargée des biens nationaux, échappe aux frais de remise en état du moulin qui sera vendu en pièces détachées[92].
1791 : les domaines des religieuses ne sont plus affermés. De nombreux particuliers y pénètrent et se servent indûment.
Ventes par adjudication des biens des religieuses[93] : terre plantée de vigne au terroir de « las graves », métairie de la Combe, une baraque contigüe à la métairie de la Combe, métairie de Bordeneuve, métairie « Le Champ du Prieur », terre labourable derrière la clôture, terre plantée de peupliers appelée « la matte » avec une écurie et un jardin attenants, une briqueterie[94].
Sur place l’aumônier du couvent, réfractaire, dit journellement la messe, dans la chapelle, toutes portes ouvertes. Le Directoire du district de Castelsarrasin, « ayant appris que l’on trouble la paix » dans le village, exige le maintien de la sécurité des biens et des personnes. Le maire exige que le curé regagne « son endroit natal » (Sérignac).
18 septembre 1791 : le corps municipal se rend au couvent. On leur lit la loi d’Octobre supprimant les Ordres religieux. Malecaze veut bien accorder aux religieuses de sortir de la maison les effets et mobiliers de leur chambre dans la crainte d’un vol. . Elles veulent qu’il fasse un inventaire. Le 20 septembre, le corps municipal vient de nouveau dans le couvent pour voir si « elles ne sortaient de la maison que les effets à leur usage ». Sept religieuses avaient démoli le mur du jardin et entassé les tuiles. La prieure explique que la commune n’a pas contribué à la construction de ce mur et que « les sœurs l’ont payé de leurs deniers ». Ils reviennent le 28 ; le mur et la porte du jardin ont disparu.
Le 3 octobre de la même année deux décisions sont prises : la Garde Nationale sera requise d’assurer la protection du prieuré et la surveillance des religieuses. Ensuite l’achat du monastère est envisagé « pour y établir le presbytère, la maison commune et le corps de garde » [95].
8 janvier 1792: la municipalité décide d’aller visiter le couvent des ci-devant religieuses ; on y a entendu du bruit. Le gardien Gros, dit La Jeunesse, n’a rien entendu.
16-17 août 1792 : loi qui ordonne l’évacuation des couvents et l’aliénation de leurs biens au profit de la Nation
2 octobre 1792 : Autorisation de retour de l’horloge à la commune. Les religieuses certifient et attestent que l’horloge qui se trouvait dans leur maison appartenait à la commune « qui leur en céda l’usage seulement» il y a 40 ans. Dausillis prieure, Catellan, économe, une sœur de Lespinasse[96].
Elles quittent leur couvent, certaines sont recueillies par des parents, d’autres se réfugient chez des amis, d’autres se placent à gage dans des familles des environs.
Le lendemain, le maire demande, au nom de la municipalité, de pouvoir acquérir le prieuré ; c’est refusé. Quel dommage !
Les effets et mobiliers de la chapelle du couvent et de la sacristie, horloge comprise, sont déposés dans l’église paroissiale : l’autel en bois de la chapelle des moniales. Par la même occasion, ils prirent plusieurs tapisseries (aujourd’hui disparues), 5 tableaux et les stalles.
Paul Auguste Richard va acquérir le prieuré pour la somme de 20200 livres, le 28 octobre 1792. Il revend en lots le prieuré aux citoyens Calmette, Valette et Lapierre qui démolissent, afin de vendre tous les matériaux. Toute trace de l’ancien prieuré a disparu[97].
Iconographie
Plan de 1872

Dessin de L. de Finiels, habitant de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne, 16 juillet 1872. A B C D prieuré de Saint-Aignan. Archives diocésaines de Montauban, dossier 315
Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Bragerac

Eglise paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE, 2002
L’église paroissiale dédiée à Saint-Jean-Baptiste est d’abord l’église du prieuré des religieux fontevristes. Elle devient église paroissiale. Les religieuses conservent le droit de présentation et elles perçoivent les dîmes[98].
Ruinée pendant la guerre de Cent Ans, l’église est rebâtie de 1515 à 1530 sur l’emplacement d’une chapelle de l’ordre de Fontevraud. Entièrement en briques, aucun élément sculpté. Elle présente une seule nef avec chapelles latérales terminée par une abside à cinq pans et flanquées de quatre chapelles dont deux sont élevées de 1580 à 1620[99]. Sur la façade occidentale, un clocher en briques en forme de pignon ajouré de 5 arcades servant de logements aux cloches disposées sur trois niveaux et flanqué d’une tourelle circulaire comprenant un escalier à vis. D’importantes réparations sont effectuées probablement après 1623. C’est sans aucun doute que le clocher est reconstruit ou fortement remanié.
Au nord, un portail gothique est ouvert sur la dernière travée de gauche, encadré de tores évidés qui se continuent sans interruption[100].
Le mobilier conserve quelques œuvres du prieuré disparu à la Révolution Française.
-Il possède un autel en bois du XVIIe siècle, (style rocaille du XVIIIe siècle[101]) à retable à miroirs qui provient du prieuré ainsi que plusieurs tableaux intéressants figurant entre autres une Nativité, une Assomption et 2 patrons des contagieux Saint-Sébastien et Saint-Roch.
-Il existe une décoration murale datée du XVIe siècle, cachée plus tard sous un badigeon et qui est retrouvée en 1846 et reconstituer alors selon un dessein ancien avec quelques éléments ajoutés par Pedoya surtout dans les chapelles[102].
Décoration murale, XVIe siècle, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Saint Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE, 2002
Maitre-autel

Maître-autel et retable, XVIIe s., provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE, 2002.
« Il comporte un important décor en relief dans la masse en bois doré et comporte 3 panneaux de marbre de forme rectangulaire horizontale. Le tabernacle est cintré dans sa partie supérieure. En bois doré, il comporte un décor en relief dans la masse. Le retable architecturé comporte deux ailes à élévation galbée. En bois doré et peint polychrome, il présente également des éléments de marbre encastrés dans ses ailes ».
« Il est scandé par 6 colonnes, dont les fûts sont en marbre polychrome veiné. Certains éléments de décor sont en haut-relief. Il est surmonté par une exposition en bois doré à élévation trapézoïdale et galbée. La gloire au centre de l’exposition et le couronnement de celle-ci comportent un décor en relief et haut-relief dans la masse. La partie centrale de la gloire est également en marbre ».

Retable, provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE, 2002.
« Le tabernacle et le gradin sont ornés de rinceaux d’acanthe, de palmettes et de jeu de fou. La porte du tabernacle est ornée du Tétragramme apparaissant dans une nuée rayonnante »
.
« Les ailes, tout comme le gradin, comportent un important décor végétal à forme Rocaille. Les ailes du tabernacle sont ornées de 6 colonnes à chapiteaux corinthiens. L’entablement de part et d’autre de l’exposition est couronné par un pot de fleurs. La gloire de l’exposition est ornée de nuées rayonnantes et d’une nuée garnie de têtes d’angelots ».
« L’exposition est couronnée par une nuée comportant des têtes d’angelots, l’ensemble étant surmonté d’une croix ».

Têtes d’angelots surmontés d’une croix, retable, provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE, 2002.
Autres tableaux placés dans le chœur: Description venant du service de l’Inventaire de Toulouse
-Retour d’ Égypte de la Sainte-Famille
Huile sur toile, XVIIIe siècle, la = 220

Retour d’ Egypte, XVIIIe s., provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo Association Vivre à Saint-Aignan, 2009
« La Sainte-Famille est représentée dans un paysage de collines arborées. La présence d’un palmier sur la gauche indique qu’il s’agit d’un épisode du retour d’ Egypte de la Sainte Famille. L’Enfant Jésus tient la main de la Vierge alors que Saint-Joseph, une hache de menuisier sur l’épaule, est figuré à leur côté. Ce groupe est surmonté par la colombe du Saint-Esprit et Dieu le Père apparaissant dans une nuée au milieu de têtes d’angelots ailés ».
-Annonciation
Huile sur toile, XVIIe siècle, h = 87 ; la = 78
« L’archange Gabriel est représenté en pied, de profil tenant une longue tige de fleur de lys. Il est surmonté de la colombe du Saint-Esprit. La Vierge est représentée agenouillée devant un autel sur lequel un livre est ouvert. La partie droite du tableau est occupée par une tenture. Une fenêtre avec des barreaux occupe le fond de la partie centrale du tableau. Le cadre est orné d’une frise de rinceaux d’acanthe ».
« Il présente des aspects encore maniéristes dans le traitement des personnages et le mouvement des figures de Saint-Michel et de la Vierge. Il comporte un cadre datant très vraisemblablement du XIXe siècle ».
–Baptême du Christ
Huile sur toile, d’après Mignard Pierre, XVIIe XVIIIe siècles, la = 190
![tabbapt-me_013[1]](https://prieuresfontevristes.files.wordpress.com/2018/01/tabbapt-me_0131.jpg?w=940)
Baptême du Christ, provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo Association Vivre à Saint-Aignan, 2000.
« La scène du baptême du Christ se déroule sur les bords boisés du Jourdain. Sur la gauche, derrière le Christ, un ange tient des vêtements du Christ et lève les yeux au ciel. La partie supérieure de la composition est occupée par la colombe du Saint-Esprit apparaissant au milieu d’une nuée lumineuse et de têtes d’angelots ailés. Le cadre est orné de rinceaux végétaux ».
-Assomption de la Vierge
Huile sur toile, 2ème moitié du XVIIe s, la = 290

Assomption de la Vierge, 2ème moitié du XVIIe siècle, provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE 2002.
« La partie inférieure de la composition représente les Apôtres découvrant le tombeau vide de la vierge, dont le linceul est rempli de roses. Levant les yeux au ciel, l’assistance où figurent également plusieurs saintes femmes, est témoin de l’Assomption de la vierge dans les nuées, soutenue par des grappes d’anges. L’un s’apprête à couronner la Vierge alors que le Christ tend les bras pour accueillir sa Mère »
-Nativité
Huile sur toile, XVIIe siècle, la = 220

Nativité, XVIIe s., provient du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE 2002
« La Vierge est représentée en train d’emmailloter l’Enfant Jésus, assistée par deux anges en adoration. Saint-Joseph, figuré sous les traits d’un vieillard se tient derrière la Vierge, les mains appuyées sur un bâton. Deux personnages, un homme et une femme, sans doute des bergers, contemplent la scène. Aux pieds d’un berger se tient un chien, peut-être un épagneul. Il désigne de son doigt la nuée dans la partie supérieure de la composition où deux anges déplient un phylactère. La scène de la Nativité se déroule dans une étable, avec à l’arrière-plan le bœuf et à côté l’âne étant en train de manger du foin dans une mangeoire. Par une baie à l’arrière-plan, on aperçoit les bergers et un chien autour d’un feu. Le cadre est orné de motifs rocaille et de rinceaux d’acanthe ».
Inscription (sur le phylactère tenu par les deux anges) : « Gloria in Excelsis Deo »
« Il se caractérise par son archaïsme stylistique encore proche de modèles maniéristes. Les deux figures d’anges de part et d’autre de l’Enfant Jésus dérivent de modèles flamands du 16e siècle. La maladresse et la naïveté du rendu des mouvements, des vêtements, du modelé des corps et des visages le rendent très proche de productions picturales dites d’art populaire. Les nombreux repeints empêchent cependant peut-être d’apprécier l’œuvre à sa juste valeur. La composition dérive par ailleurs de plusieurs modèles de gravures. Le cadre en bois doré comportant un important décor en relief est très vraisemblablement celui d’origine »
-Saint-Sébastien, Saint Roch et un ange
Huile sur toile, 1656, h = 249 ; la = 200
« Saint-Sébastien est représenté attaché à l’arbre de son martyre, le corps percé de trois flèches. A ses pieds sont posés ses vêtements et son armure. La partie droite de la composition est occupée par Saint-Roch, figuré sous les traits d’un pèlerin de Saint-Jacques de Compostelle accompagné de son attribut, le chien. Un ange ailé, en pied et de profil, touche son bubon de peste ».
-Sainte-Barbe couronnée par un ange et recevant la palme du martyre.
Huile sur toile, XVIIIe siècle, la=205
« Sainte Barbe est représentée sous les traits d’une jeune fille agenouillée levant les yeux au ciel alors qu’un ange apparaissant dans une nuée s’apprête à poser sur sa tête une couronne de fleurs. Il tient également la palme de son martyre, symbolisé par l’épée posée devant sainte Barbe, épée qui devait la décapiter. La scène se déroule dans un cadre paysagé arboré avec sur la gauche la tour où la sainte fut retenue prisonnière. Le cadre est orné de rinceaux végétaux ».
Dans la nef, un très grand tableau représentant Saint-Aignan ressuscitant un enfant noyé. Ex-voto ?
Huile sur toile, 3ème quart du XVIIe siècle : 1656, la = 220
« Saint-Aignan est représenté en train de ressusciter un enfant qui s’était noyé dans la rivière voisine. Représenté sous les traits d’un évêque, il exécute un geste de bénédiction alors que le petit enfant revêtu de lange, est allongé en train de prier. A ses pieds, sa mère est figurée agenouillée étendant ses bras. Dans la partie supérieure gauche de la composition, un ange tenant une palme dans une nuée atteste du miracle qui vient de se produire ».
« Ce tableau est vraisemblablement un ex-voto peint en remerciement d’une action de grâce exécutée par le saint patron de l’église, Saint Aignan ».
Stalles
-Des stalles installées dans le chœur proviennent du prieuré[103].

Stalles provenant du prieuré fontevriste de Saint-Aignan, église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, Saint-Aignan, Tarn-et-Garonne. Photo JGE 2002.
Prieures
Martine de Monbartier | 1265 | |
Coudor de Faudoas | 1326 | |
Gaillarde de Rigoire | 1372 | |
Marie Capdegui | 1589 | |
Isabeau de Brugnac | 1621 | |
Catherine de Pontac | 1621 | |
Marie de la Gorse | 1633 | |
Marie de Monjoie | 1643 | |
Anne de Barthelemy de Gramont | 1648 | |
Antoinette de Verdier | 1654 | |
Claire de Figudery | 1662 | |
Marie de Malvy | 1668 | |
Henriette de Rancé | 1670 | |
Thérèse de Laffont | 1675 | |
Gabrielle de Pagès | 1682 | |
Sicarde de Chasseau | ? | |
Marie de Voyer | 1697 | |
Marguerite du Garrané | 1706 | |
Angélique de Monvoisin | 1708 | |
Ursule de Lalane de Lapeyre | 1713 | |
Marie de Verdier Vilette | 1729 | |
J Decit | 1738 | |
Thérèse Barberin | 1739 | |
Jeanne Barbarin | 1756 | |
Mme Modery | 1762 | |
Thècle de Cattellan de Caumont | 1770 | |
Jeanne de Barberin | 1770 | |
Mme de Modery | 1772 | |
Jeanne Marie de Cattellan | 1791 | |
Latour d’ Auzillis | 1791 | |
Supérieure : Dauzille | 1792 | |
Nombre de moniales
Nombre | Revenus | |
1209 | 60 religieuses, 2 religieux clercs et 3 lais[104].
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1130 | 20 religieuses sont rappelées à l’abbaye-mère puisque le prieuré est surpeuplé | |
1372 | 20 religieuses | |
1421 | 1 religieuse et le prieur | |
1436 | 1 religieuse et le prieur | |
1460 | Plus personne | |
1630 | 20 religieuses et un jardinier | |
1760 | 20 religieuses, 30 pensionnaires, 2 servantes, des valets
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[1] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, ss date.
[2] Inventaire, PA00095863
[3] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, ss date.
[4] PAVILLON (Balthazar), La vie du Bienheureux Robert d’Arbrissel, p. 391.
[5] GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
[6] Premier abbé de Chastelliers en Poitou. Il renonce à sa « supériorité pour être ministre des servantes de Jésus-Christ ». PAVILLON (Balthazar), La vie du Bienheureux Robert d’Arbrissel, p. 525.
[7] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, thèse de doctorat Es Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1980, p. 234.
[8] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 276.
[9] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 437.
[10] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand Cartulaire de Fontevraud, charte 701, p. 658.
[11] LARDIER Jean, La Sainte Famille de Fontevrault, 1650, pp. 251-252.
[12] PAVILLON (Balthazar), La vie du Bienheureux Robert d’Arbrissel, pp.484, 486.
[13] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 257.
[14] PAVILLON (Balthazar), op. cit., p. 525.
[15] PAVILLON (Balthazar), op. cit., pp. 525-526.
[16] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 448.
[17] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 616, p. 591.
[18] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 617, p. 592.
[19] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 618, p. 592.
[20] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 619, p. 593.
[21] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 620, p. 593.
[22] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 622, p. 594.
[23] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 621, p. 594.
[24] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 623, p. 595.
[25] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit. , charte 625, p. 596.
[26] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 478.
[27] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 260.
[28] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 230.
[29] QUATRE Sophie, Le prieuré du Paravis, p. 18.
[30] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., pp. 311-312.
[31] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 423.
[32] LARDIER Jean, op. cit., p. 340.
[33] HELIOT Hyppolite (1660-1716), Histoire des ordres monastiques, religieux et militaire, p. 95.
[34] NICQUET, op. cit., p. 395.
[35] NICQUET Honorat, op. cit., p. 266.
[36] MOUSNIER Mireille, Peuplement et paysages agraires : Saint-Nicolas-de-la-Grave et Saint-Aignan au début du XIIe siècle, pp. 121-132.
[37] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 261. [37] LARDIER Jean, op. cit., p. 423.
[38] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 260.
[39] NICQUET Honorat, Histoire de l’ordre de Font-Evraud, p. 444.
[40] NICQUET Honorat, op. c, p. 265-266.
[41] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, Grande Histoire d’un petit village Saint-Aignan, p. 36. MOULENQ, p. 185
[42] Note mairie de Saint-Aignan
[43] SAMARAN Charles, La Gascogne dans les registres du trésor des chartes, BN, Paris, 1966, p. 100 (99, n° 515, fol. 162, v°).
[44] LARDIER Jean, op. cit., p. 541.
[45] LARDIER Jean, op. cit., p. 544.
[46] LARDIER Jean, op. cit., p. 545.
[47] LARDIER Jean, op. cit., p. 560.
[48] LARDIER Jean, op. cit., 1650, p. 560.
[49] Note mairie de Saint-Aignan
[50] GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
[51] Note mairie de Saint-Aignan
[52] Note mairie de Saint-Aignan
[53]MAILLEUX Catherine, La réformation de l’ordre de Fontevraud, 1459-1534, p. 112. A.D.M&L, 101 H 14, folio 1.
[54] MARBOUTIN, op. cit., p. 91. A.D de Tarn-et-Garonne H 231.
[55] LARDIER Jean, op. cit., p. 598.
[56] LARDIER Jean, op. cit., p. 599.
[57] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 48. A.D.M&L, 213 H 1bis
[58] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 45.
[59] LOMBARD Abbé, Un épisode des guerres de religion en Gascogne ; rétablissement du prieuré de Saint-Aignan en 1620, pp. 35-61.
[60] Religieuses de Ste Marie de Fontevrault de Boulaur exilées à Vera (Navarre), Histoire de l’Ordre de Fontevraud (1100-1908), p. 235.
[61] LARDIER Jean, op. cit., p. 671.
[62] LARDIER Jean, op. cit., p. 674 et A.D. de Tarn et Garonne H 231.
[63] Note mairie de Saint-Aignan
[64] GAYNE abbé, Le prieuré fontevriste de Saint-Aignan (1122-1792), pp. 35-47.
[65] GAYNE abbé, op. cit., pp. 35-47.
[66] LOMBARD Abbé, Un épisode des guerres de religion en Gascogne ; rétablissement du prieuré de Saint-Aignan en 1620, pp. 35-61. A.D. Tarn-et-Garonne, H 232.
[67] LOMBARD Abbé, Un épisode des guerres de religion en Gascogne ; rétablissement du prieuré de Saint-Aignan en 1620, pp. 35-61.
[68] Note mairie de Saint-Aignan
[69] LOMBARD Abbé, op. cit., pp. 35-61.
[70] LOMBARD Abbé, op. cit., pp. 35-61.
[71] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 57. A.D.T.G, série H 233.
[72] Note mairie de Saint-Aignan
[73] Note mairie de Saint-Aignan
[74]NICQUET, op.cit., p. 534.
[75] Note mairie de Saint-Aignan
[76]CLÉMENT Pierre, Une abbesse de Fontevraud au XVIIe siècle, Gabrielle de Rochechouart, Paris, Didier, 1869, pp. 250-251.
[77]CLÉMENT Pierre, op. cit. , pp. 73-74.
[78]CLÉMENT Pierre, op. cit., p. 248.
[79] CLÉMENT Pierre, op. cit., pp. 253-255.
[80] Note mairie de Saint-Aignan
[81] Note mairie de Saint-Aignan
[82] Note mairie de Saint-Aignan
[83] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 93.
[84] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 94.
[85] Note mairie de Saint-Aignan
[86] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 59.
[87] MALRIEU V., Un incident à propos d’une sonnerie de cloches au XVIIIe siècle, pp. 76-77.
[88] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., pp. 77-79.
[89] A.D.T.G. série H 234
[90] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 109. A.D. Tarn et Garonne, H 234.
[91]GAYNE abbé, Le prieuré fontevriste de Saint-Aignan (1122-1792), pp. 35-47.
[92] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 99.
[93] A.D. T. G Q 87
[94] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 102.
[95] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 106.
[96] A.D.T.G 3E 1001
[97] GAYNE abbé, Le prieuré fontevriste de Saint-Aignan (1122-1792), p. 47.
[98]GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
[99] GAYNE abbé, op. cit., 1975.
[100] GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
[101] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 208.
[102] GAYNE abbé, Dictionnaire des paroisses du Tarn-et-Garonne, 1975.
[103] BOUTONNET Jean, DALPHRASE France, MACABIAU, op. cit., p. 208.
[104] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 261. [104] LARDIER Jean, op. cit., p. 423.