Prieuré fontevriste de Saint-Bibien ou Saint-Bibian[1]

Com. Vouhé

Cant. Surgères

Arr. Rochefort

Charente-Maritime (17)

Diocèse de Saintes (Bienvenu), de la Rochelle[1]

Domaine – Fin XVIe – début XVIIe s.

Autres prieurés de La Charente Maritime

Cormeille, com. Saint-Germain-du-Seudre, cant. Saint-Genis de Saintonge, arr. Jonzac, Charente Maritime (17), diocèse Saintes, fondé entre 1116 et 1149 sous Pétronille de Chemillé

Sainte-Catherine de la Rochelle, com., cant. et arr. La Rochelle intra-muros, Charente Maritime (17), diocèse de Saintes , fondé de 1149 à la mort d’Henri II Plantagenêt (1189)[2]

Agudelle, cant., arr. Jonzac, Charente Maritime (17), diocèse de Saintes, fondé sous Robert d’Arbrissel

Prieurés fontevristes de La Charente-Maritime. Tiré de BRAHIM Agnès, Les prieurés fontevristes dans le duché d’Aquitaine, p. 93.

I – Sources manuscrites

A. D. du Maine-et-Loire

215 H

215 H 1 : Administration générale    1235-1700

215 H 2 : Domaine                            XIIe-1784

215 H 3 : Terriers                              1547-1747

215 H 4 : Procédures                         1406-XVIIIe

215 H 5 : Inventaires                         1744-XVIIIe

A. D. de la Charente-Maritime

1 J 535 : Surgères, arrêt du Conseil d’État qui maintient l’abbaye de Fontevrault dans son droit de minage pour sa seigneurie de Saint-Bibien d’ Argenson, 23 octobre 1780.

C 198 : éclaircissements sur le droit de minage de Surgères, fol. 53.

B.M. Poitiers

FONTENEAU Dom, manuscrit, p. 136.

II – Bibliographie

AUSSIBAL A. ; L’art fontevriste, Ed du Zodiaque, 1987.

BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, p. 9.

BIENVENU (Jean-Marc), Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, Thèse pour le doctorat Es Lettres, Faculté des Lettres de l’Université de Paris-Sorbonne, Paris, 1980, pp. 234 (61), 304, 305, 318, 319-320, 344, 386, 408, 409, 488, 525, 584, 586, Prieure Uga.

BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, Société des Antiquaires de l’Ouest, tome I, 2000 ; tome II, 2005, ch. 472, 644.

BIENVENU Jean-Marc, Aliénor d’Aquitaine et Fontevraud, CCM, ,XXIX, 1986, pp. 15-27.

CHALMETTE, Notice sur l’abbaye du grand Saint-Bibien, Bulletin religieux de la Rochelle, 23 décembre 1876, p. 286.

FAVREAU Robert, La forêt de Chizé, Bulletin philologique et historique jusqu’à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1963, p. 186.

GANDOUET Denis, Marché et foire à Surgères au Moyen Âge et leurs répercussions sur les structures urbains (vers l’an 1000- vers 1550), année ?.

JOANNE, Les ruines du monastère de Saint-Bibien, 1872.

JULIEN-LABRUYERE, François, Paysans charentais : histoire des campagnes d’Aunis, Saintonge et bas Angoumois, préface de Jacques Le Goff, 1982, p. 470.

LARDIER Jean, La Saincte Famille de Font-Evraud, 1650, pp. 367, 379, 435, 523, 582, 624, 628, 662.

LARDIER Jean, Inventaire des titres du Trésor de Fontevraud, vol. 1, p. 418.

MARCHEGAY Paul, Chartes de Fontevraud concernant l’Aunis et la Rochelle, Bibliothèque de l’ École des Chartes, Ed. Decourchant, 1858, SER 4, T.4, pp. 132-170 ; pp. 323-347.

Éléonore d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion et Le prieuré de Saint-Bibien d’ Argenson – Chartes de l’abbaye de Fontevraud, septembre 2020

POULAIN Jean, Dictionnaire de l’Ordre Fontevriste, 2000, p. 160.

TRANCHANT Mathias, Le Commerce maritime de La Rochelle à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003, carte n° 2, non pag.

UZUREAU abbé, La réforme de l’Ordre de Fontevrault (1459-1641, Revue Mabillon, t. XIII, 1923, pp. 141-146.

VIGUERIE Jean, La réforme de Fontevraud, de la fin du XVe siècle à la fin des guerres de Religion, Revue d’Histoire de l’ Eglise de France, 1979, pp. 107-117.

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Anciennes graphies

Saint-Bibian[3]

Localisation de Vouhé au cœur de la vallée du Curé, au fond d’un bassin où viennent s’épancher les eaux de nombreuses fontaines arrosant son territoire (Fontaine Longe, Fontaine de Chizelles, Fontaine Palzeau, Fontaine Saint Siège) qui alimentaient autrefois le prieuré fontevriste de Saint-Bibien en direction des bois de Benon.

Le littoral aunisien prend son essor à partir du XIe siècle avec le commerce du sel et, plus encore à partir du XIIe siècle avec la création puis l’expansion du port de La Rochelle, dont les exportations de vins contribuent à insérer l’Aunis et la Saintonge dans le commerce international[4].(carte Tranchant)

Forêt de Benon d’après Mathias Tranchant, Le Commerce maritime de La Rochelle à la fin du Moyen Âge, Rennes, carte n° 2, non pag.

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Fondation

Pétronille de Chemillé (1115-1149)

Saint-Bibien est fondé vers 1140[5]. Saint-Bibien est situé près du ruisseau du même nom (voir plan cadastral napoléonien)

1135-1143, probablement 1140-Fontdouce : Notice relatant que Gilbert Jalleil (Gilbertus Jalcellus) ayant donné à la communauté de Fontevraud le lieu de Saint-Bibien, ce lieu est revendiqué par Geoffroi, abbé de Fontdouce ; Gerbert s’étant présenté au chapitre de cette abbaye, où se trouvaient le légat pontifical Geoffroi (de Lèves), évêque de Chartres, et l’archevêque de Bordeaux, Geoffroi (du Louroux), ces derniers ont reconnu le droit de Fontevraud et l’abbé s’est incliné[6]. Une charte de Geoffroi, abbé de Fontdouce, déclare dans une charte de 1140 concéder aux moniales fontevristes le lieu de Saint-Bibien tout en se réservant ses droits au cas où elles l’aliéneraient[7][8].

Pétronille de Chemillé, première abbesse, n’hésite jamais à se déplacer pour aller recueillir des dons importants, défendre la cause de son Ordre dans les procès, visiter les anciens prieurés ou en instaurer d’autres : elle est probablement présente à la fondation du prieuré de Saint-Bibien[9]. Des oppositions sont rencontrées de la part d’abbayes se réclament des droits sur eux génèrent les débuts de quelques nouveaux prieurés, nous le constaterons dans certains prieurés poitevins, de Coulonges[10], Montazais[11], les Cerisiers[12] et de celui saintongeais de Saint-Bibien. L’opposition vient d’un religieux se refusant d’être considéré comme fontevriste bien que regardé comme tel par l’abbesse[13].

1134 : droit d’herbage dans la forêt d’ Arjacium donné par Guillaume IX, duc d’Aquitaine pour affecter le produit pour l’achat de pain de froment pour les religieuses et les frères. Donation confirmée 40 ans plus tard par Richard Cœur de Lion[14].

1134 : Par ailleurs, l’assemblée de Surgères sert de débouché pour la forêt de Benon : la ville, proche de ce grand massif boisé où des droits d’usage sont accordés au pacage du gros bétail – droit d’herbage sur les bœufs, vaches, chevaux et juments du prieuré de Saint-Bibien en 1134[15], confirmé en 1180[16] ; droit échangé avec le prieur de Saint-Pierre de Surgères contre 12 deniers pour chaque jument, 6 pour chaque bœuf et 4 pour chaque vache dont la prieure de Saint-Bibien éprouve des difficultés à recouvrer en 1233.

1137 : le père d’Aliénor d’Aquitaine, le duc d’Aquitaine Guillaume X, mort sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle le 9 avril 1137, a octroyé des dons au prieuré de Saint-Bibien[17].

Cette donation est confirmée une quarantaine d’années plus tard, par son petit-fils, Richard Cœur de Lion, après que son père, Henri II, lui est donné le comté du Poitou[18].

Le privilège d’Eugène III de mai 1145 cite la première fois le lieu de Saint-Bibien et ses appartenances.

Droits de police : Les droits de police et de justice sont exercés par les religieuses dans leurs prieurés, par exemple, à Orsan[19] et Saint-Bibien[20].

Les religieuses se voient partout reconnaitre le droit de poursuite et d’arrestation des délinquants, leur juridiction est étendue à tous à Puy Drouard par rapport à Montsoreau[21] où elle se limite à leurs hommes[22].

Audeburge de Hautes Bruyères (1155-1180)

Milieu XIIe et dans la seconde moitié du XIIIe siècle : Fontevraud a de nombreux procès à soutenir pour conserver le droit d’herbage dans la forêt d’ Argenson ou Benon. Les évêques de Saintes ne répondent pas aux réclamations des religieuses. Elles adressent à l’évêque en 1165, par l’intermédiaire de l’évêque de Chartres, légat du Saint-Siège, un mandement. Une charte du célèbre guerrier et troubadour, Savary de Mauléon, lieutenant général du roi d’Angleterre établit que le droit de pacage dans la forêt de Benon est perçu par les religieuses de Saint-Bibien, auxquelles il en assure la jouissance[23].

Février 1168 : Deux pièces relatives à un procès avec les chanoines réguliers de Notre-Dame de Châtres, diocèse de Saintes, pour la propriété de l’emplacement sur lequel ce dernier monastère a été construit par un certain Roger. Fontevraud prétend que celui-ci étant frère- procès de l’Ordre de Fontevraud, et ayant bâti Notre-Dame de Châtres sur un terrain que lui a concédé l’abbaye de Fontevraud, la maison des chanoines devait, sinon lui appartenir, du moins être soumise à sa juridiction ; les chanoines nient les faits. Le procès est porté en cour de Rome, puis renvoyé par le pape Eugène III devant Geoffroy, archevêque de Bordeaux, et Bernard, évêque de Saintes. Leurs jugement donnent gain de cause aux chanoines (février 1168) ; mais ceux-ci doivent abandonner aux religieuses une terre nommée Le Puy Drouard, plus une maison située à Matha (Mastatium) et leurs dépendances. Le Puy Drouard est confirmée à Fontevraud par l’héritier de ceux qui l’avaient donné à Notre-Dame de Châtres (par l’investiture solennelle d’une paire de gants remise à Huguette, prieure de Saint-Bibien puis donné en fief par la prieure au susdit héritier[24].

Gilles ou Gilette (1180-1189)

1180 : pacage pour tous les bovins et chevaux de Saint-Bibien, droit échangé avec le prieur de Saint-Pierre de Surgères contre 12 deniers pour chaque jument, 6 pour chaque bœuf, 4 pour chaque vache que le prieuré de Saint-Bibien a du mal à recouvrer en 1233[26].

1188 : la prieure Uga et assistée de la cellérière Aline[27].

Mathilde III de Bohême (1194-1207)

Vers 1199 : Aliénor d’Aquitaine donne plein usage en la forêt d’ Argenson à Saint-Bibien ; confirmation par Alphonse, fils de France, comte du Poitou en 1269[28].

1200 : charte de la reine Aliénor contenant premièrement la confirmation d’une donation faite par un certain Guillot Board à l’abbaye de Fontevraud ; deuxièmement le don à l’abbaye du droit de prendre du bois de construction et de chauffage dans la forêt de Benon ou tout au moins dans la partie appelée alors Argathum. La maison conventuelle appelée Subsidiis (Sumsiz ou Sossiz) existe encore en l’année 1183, époque à laquelle elle a un prieur nommé Guillaume. Il est probable que l’exiguïté de son revenu ou la destruction de ses bâtiments, pendant la guerre du XIIe siècle et début XIIIe siècle, l’ont fait réunir au prieuré de Saint-Bibien[29].

Alix de Champagne (1209-1218)

1209 : charte de feu Petrus de Vouvent, par laquelle de concert avec sa sœur, domina Bona, il confirme et délivre une rente de 30 sous, léguée par leur père Jean de Vouvent à Fontevraud, sur une maison à La Rochelle, située près des halles ou de la place où l’on faisait sécher le linge. La clause suivante prouve que Pierre cherche à faire tourner cette confirmation au profit de son âme : « Conventus vero Sancti Viviani predictum Petrum de Vovent suorum beneficiorum participem fecerunt ; et insuper post decessum suum, annuatim facere promiserunt ». La charte est scellée, au nom de Pierre de Vouvent, par l’archiprêtre de La Rochelle, par la prieure de Saint-Bibien, Pétronille, en présence d’un grand nombre de religieuses et religieux, chevaliers, clercs et laïcs[30].

Berthe de Lorraine (1218-1228)

1219 : sous l’abbesse Berthe de Lorraine, est faite une donation de 20 sols sur le revenu de Surgères dépendant de Saint-Bibien par Guy de Rochefort[31].

Adèle de Bretagne ou Alix (1228-1244)

1235 : le droit de pacage dans la forêt d’ Argenson fait l’objet entre Alix de Blois, abbesse de Fontevraud, et l’aumônier de l’aumônerie de Chizé, d’une transaction qui accorde à perpétuité à l’aumônerie l’exemption du droit d’herbage pour 4 bœufs[32].

1239 : Hugues de Surgères donne, sur le revenu du grand fief d’Aunis, 15 sous de rente, pour le salut de son âme et celle de ses parents, pour la célébration de son anniversaire, et, ajoute-t ’il, « ut una lampas ardeat coram tumulo patris mei »[33].

Mathilde de la Ferté ou de Blois (1244-1265)

1245-46 : le marché de Surgères est évoqué dans le registre de comptes d’Alphonse de Poitiers en 1245 et 1246. Associé au marché, il existe un droit de minage : dans les années

Aliénor de Bretagne (1304-1342)

À partir des années 1330/1340 : le marché de Surgères entre dans une phase de crise et de déclin car il subit l’impact néfaste des « cavaliers de l’Apocalypse » : la guerre de Cent Ans, dont l’Aunis et la Saintonge sont un des théâtres d’opération principaux à partir de 1346 jusque dans les années 1450 ; la Peste Noire, qui frappe l’Aunis et la Saintonge à partir de 1348 et dont la récurrence de l’infection jusqu’au début du XVIe siècle, avec une épidémie tous les dix ans environ, plonge et maintient les deux provinces dans une dépression économique profonde. les soubresauts du climat qui se caractérisent par des refroidissements brusques et sévères, constatés entre 1329 et 1332 en Aunis et dans le nord de la Saintonge par un moine de l’abbaye de Maillezais, par une alternance de périodes de froid (gel des ceps de vigne et des semences dans les champs) et de sécheresse (rendements agricoles moindres) entrecoupées par des printemps ou automnes excessivement pluvieux engendrant de fortes inondations, conduisent à des récoltes moribondes et provoquent le fléau de la famine, attestée dans la région de Benon en 1331-44, qui a peut-être touché Surgères, puisque les deux localités ne sont distantes que de quinze kilomètres… Guerre, maladie, famine et mort : que d’obstacles à l’activité économique !

Isabeau de Valois (1342-1349)

1343 : 75 religieuses, un prieur, 8 prêtres, 9 clercs, 6 frères lais, 13 donnés, 6 servantes, 115 personnes en tout[35].

1346 : Derby, comte de Lancastre s’empare du château de Surgères, coupant par la même La Rochelle de son arrière-pays poitevin, pour le compte des Anglais. Mais, en 1353, avec l’aide des Rochelais, Jean II, roi de France, reconquiert Surgères. Cependant, suite au désastre de Poitiers en 1356, l’Aunis échoit aux Anglais en 1360 avec le traité de Brétigny. Commence alors l’occupation anglaise.

Jeanne de Mangey (1353-1373)

Après 1372 et les Anglais boutés hors de l’Aunis puis la longue série de trêves signées entre 1380 et le début du XVe siècle mais aussi le fait que l’intérieur de l’Aunis soit relativement épargnée par les combats au cours de la seconde partie de la guerre de Cent Ans, plusieurs éléments constituent des indices d’un redémarrage économique à la fin XIVe siècle.

Marie de Bretagne (1457-1477) Anne d’Orléans (1477-1491)

1450-1480 : Après la fin de la guerre de Cent Ans et avant le début des conflits entre catholiques et protestants, s’ouvre une nouvelle période de prospérité pour la place de Surgères qui, après une période de reconstruction entre 1450 et 1480 environ, connaît un essor continu jusqu’au milieu du XVIe siècle. Par ailleurs, ce texte permet de constater la misère qui sévit à Surgères et ses alentours, au lendemain de la guerre de Cent Ans : « ledit prieur est chargé d’un hôpital qui est sur le grand chemin auquel tous pauvres abondent et affluent de jour en jour ». On perçoit également l’état des dévastations des campagnes à travers une taxe, dénommée « Traicte de Saintonge, ville et gouvernement de La Rochelle » au XVe siècle.

Dans LARDIER Jean, Thresor, p. 418

1455 : fait prieur frère Jacques Drouin, prieur et sœur Jeanne du ( ?) prieure

1457 : obédience à frère Jean Cary

1464 : Sr Marguerite de Laisné prieure

1480 : visite par frère Jean Boucheron de la chapelle de l’Habit

1491 : frère Jean Maille prieur et frère Guillaume Chaumart, prieur

1492 : frère Louis de Charge, prieur

1495 : sœur Catherine de la Réauté prieure résigne sa charge et Sr Marguerite Laures prieure

1474 : À propos, près de la foire aux volailles, existe une maison désignée comme le lieu du minage. D’après l’original d’un parchemin fourni par les notaires de Saumur, on apprend que,

« dans une déclaration rendue en la cour de Surgères le 23 janvier 1474, par Jacob de Dreux, prieur du prieuré Saint-Bibien d’ Argenson, tant en son nom que comme procureur des religieuses de Fontevrault […] en laquelle déclaration est porté (sic) la place en laquelle l’on tient le minage audit Surgères, avec les maisons dudit minage, c’est à savoir : le treil et l’ appenty dudit minage, et les maisons qui furent feu Georget Yver et Jean Villain, avec leurs appartenances et vergiers et vergiers d’icelui minage, joignant le tout l’un l’autre et tenant.

En ces lieux, les fontevristes possèdent un droit d’avoir et prendre et faire lever le minage de tous et chacuns les grains et farines venant et affluant à être vendus par chacun jour tant de foire, de marché que jour sur semaine du dit lieu de Surgères, en fournissant de boisseau juste à la mesure de Surgères et marqué des armes et marques de ladite seigneurie, et de rondeau pour mettre sous le boisseau ».

Renée de Bourbon (1491-1534)

1502 : fait prieur de Saint-Bibien frère René Carrion[36].

23 juillet 1523 : commission à frère Aubin (Aubier) pour la réformation[37].

Au XVIe siècle, l’île de Ré, La Rochelle et l’Aunis ont été marquées par des batailles consécutives aux huit guerres de religion du Royaume de France, opposant les catholiques aux protestants entre 1562 et 1598.

Louise de Bourbon (1534-1575)

La forte personnalité de Louise va permettre à l’abbaye de traverser sans trop de dommage les guerres de religion. La propagation des doctrines protestantes en Anjou et au sein même de la famille des Bourbons exacerbe la ferveur catholique de Louise qui déploie un zèle incroyable pour propager la foi catholique et l’extermination de l’hérésie. Elle écrit aux docteurs en théologie de l’Université de Paris pour défendre la lecture des nouveaux testaments qu’elle juge dangereux[38]. Louise dépense des sommes considérables pour répandre des brochures catholiques dans les provinces touchées par le protestantisme[39].

Si l’abbaye semble avoir échappé aux destructions des guerres de religion, il n’en est pas de même pour de nombreux biens et prieurés situés dans l’espace stratégique des confrontations. De nombreux prieurés sont dévastés comme La Puye[40] (1563), Rives[41] (1570).

La réforme se poursuit sous Louise de Bourbon à un rythme plus lent. Jubien parle de 12 prieurés réformés sous cette abbesse. Sans doute en faut-il parler que de 8 ou 9 (les dates nous sont connues que pour 5 prieurés ; 1541, Saint-Bibien ; Beaulieu[42], Jarzay[43] et Sainte-Florine[44] en 1545 ; et Brie[45] en 1543[46]. Elle réforme aussi les prieurés de Bonneuil[47], Villesalem[48], Longpré[49], Longueau[50], Les Loges[51], Lencloître-en-Chaufournois[52], Pontratier[53][54].

1541 : réformation de Saint-Bibien

1543 : Sœur Magdeleine Drouin, prieure et frère Estienne Ménard prieur [55].

1547 : Sr de Champgirard, prieure[56].

7 juin 1548 : sœur Ambroise de Granges confirmée prieure[57]. La même année Sr Louise de Brézé, dépositaire[58].

1564 : Madame confère le prieuré de Saint-Bibian vacant à sœur Jeanne de Rouffignac[59].

1566 : Lardier nous signale l’élection de prieure et prieur en l’année 1566: Jean Muller prieur ; sr de Puyguyon, prieure[60].

1568 : obédience à frère Mathurin Brin[61].

1568 : le curé de Voüé (Vouhé) ; proche de Saint-Bibien présente une requête afin d’être déchargé de 3 boisseaux d’avoine de rente pour laquelle il avait été assigné au Grand Conseil, ou bien s’il les doit, qu’il dise la messe chaque semaine dans l’église de Voüé[62].

Entre 1561 à 1598, la France connait une période bien sombre de son histoire et sans doute l’une des plus sanglantes de son époque moderne. Ces années sont rythmées par des guerres opposant catholiques et protestants et des trêves. Au total, huit guerres de Religion en trente ans. La paix de Longjumeau signée le 23 mars 1568, entre Charles IX et le Prince de Condé mit fin de manière éphémère à la deuxième guerre de religion. Le traité confirmait les droits accordés aux protestants par la paix d’Amboise, signée en 1563. Pendant ces premières guerres, l’Aunis et la Saintonge sont mis à feu et à sang par les deux partis. Il en résulte qu’un grand nombre d’édifices religieux ont subi de grands dommages ou la destruction. Après 1568, les protestants rochelais souhaitent la construction d’un nouveau lieu de culte digne de la capitale des réformés. Mais très peu de temps après, la guerre (1568-1570) reprend de plus belle car la régente voulait faire arrêter les Condé et de Coligny. Après deux victoires catholiques, la paix de Saint-Germain-en-Laye est alors signée. Cette dernière est très importante car elle donne aux protestants quatre places de sureté, dont La Rochelle (avec aussi La Charité, Montauban et Cognac). Au cours des guerres de religion, de terribles épidémies surviennent: la peste gagnera La Rochelle en 1585, 1602 et 1604. L’intérieur des terres est dévasté, de nombreuses églises et abbayes sont détruites, des pillards parcourent les campagnes… Nous pensons que le prieuré de Saint-Bibien a subi des dégâts et l’abbesse décide de le réunir à la mense abbatiale. Malheureusement, nous ne connaissons pas la date exacte ; Cela veut dire que le prieuré est devenu un simple domaine agricole géré directement par l’abbaye.

Louise de Bourbon de Lavedan (1611-1637)

En 1614 : Jean Lardier, dans sa Sainte-Famille, nous apprend que le prieuré est réuni à la mense abbatiale ; que le revenu est uni à la communauté de Fontevraud. Il devient un simple domaine ou seigneurie affermé à un paysan.

Pour l’édification du séminaire de Lencloître-en-Gironde[63], l’abbesse se fait aider par le R.P. Gabriel de Sainte-Marie, religieux bénédictin et anglais, visiteur. L’abbesse baille plus de 800 livres et elle destine le revenu de 4 anciens prieurés réunis à la mense abbatiale pour les réparations à faire à Lencloître : Saint-Bibien, La Font-Saint-Martin, Cubas[64] et Pontchollet[65] : revenus tous les 4 à la somme de 2000 livres chaque année[66].

Julie-Gillette de Pardaillan d’ Antin, dernière abbesse (1765-1792)

1770 : Un rapport datant de la fin des années 1770, indique que le droit de minage « qui se perçoit à Surgères, appartenait anciennement au seigneur de Surgères : il a été par lui cédé au prieuré Saint-Bibien d’ Argenson »[67]. Par ailleurs, le domaine ou seigneurie de Saint-Bibien possède le minage « en sorte que personne ne pourra vendre bled si ce n’est dans la maison des dites religieuses ni à autre boisseau et mesure que celle des dites religieuses ». En effet, le minage est un droit que les seigneurs lèvent sur chaque mine de grain sous la halle à la mesure officielle, avant sa mise en vente.

1770 : Dans le conflit qui oppose l’ex prieuré de Saint-Bibien d’ Argenson, sis à Vouhé et dépendant de l’abbaye de Fontevraud, et le seigneur de Surgères dans les années 1770 à propos de la perception du droit de minage à Surgères[68], deux baux l’un de 1611, l’autre de 1618 évoquent la tenue d’une seconde foire, à la Saint-Gilles (1er septembre), à Surgères : le prieuré Saint-Bibien d’ Argenson perçoit le droit de minage sur les bleds et farines à Surgères.

1776 : Si l’on se réfère à la déclaration fournie en exécution de l’arrêt du Conseil, le 10 mai.

1776, certifiée véritable et signée par l’abbesse de Fontevraud, le « boisseau contient 23 pintes d’eau et pèse en froment 50 à 53 litres », capacité qui a dû être déterminée au Moyen Âge et usitée depuis lors. Vers 1777, il est dit que « le marché au bled se tient sous une halle particulière, appartenant à l’abbaye [de Fontevraud] indépendante et séparée de la grande halle appartenante au seigneur de Surgères »[69].

La présence d’un treuil, c’est-à-dire d’un pressoir, à la maison du minage, laisse entendre que la seigneurie de Saint-Bibien y écrasait les raisins issus de ses propriétés, peut-être avant de vendre son vin au marché et à la foire de Surgères.

Révolution Française

19 avril 1792 : dans le P.V du syndic de Saumur à l’abbaye de Fontevraud, Saint-Bibien est nommé « Ferme de Saint-Bibien d’ Argenson » ; 32 sacs et 5 liasses contiennent les titres de la dite ferme. Quelques pièces sont envoyées au département de Maine-et-Loire et le reste au département de Charente inférieure pour le district de Rochefort[70].

Iconographie

Plan cadastral napoléonien, 1824. A.D. Charente Maritime, 3 P 50434/02 Vouhé, section A 1 dite de Saint-Bibien


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Liste des prieures de Saint-Bibien

Uga1188Bienvenu, Thèse, p. 320
Pétronille1209Marchegay, p. 325
Jeanne du ( ?)1455Lardier, Thresor, p. 418
Marguerite de Laisné1464Lardier, Thresor, p. 420
Catherine de la RéautéAvant 1495Lardier, Thresor, p. 418
Marguerite Laure1495Lardier, Thresor, p. 418
Sœur Magdeleine Drouin15431543Lardier, Thresor, p. 419
de Champgirard1547Lardier, Thresor, p. 418
Ambroise de Granges1548Lardier, Thresor, p. 418
Louise de Brézé (dépositaire)1548Lardier, Thresor, p. 418
Jeanne de Rouffignac1564Lardier, Ste Famille, p. 628
Sr de Puyguyon1566Lardier, Thresor, p. 419

Liste des prieurs de Saint-Bibien

Jacques Drouin1455Lardier, Thresor, p. 418
Jean Cary1457Lardier, Thresor, p. 418
Jacob de Dreux1474 
Jean Maille1491Lardier, Thresor, p. 418
Guillaume Chaumart1491Lardier, Thresor, p. 418
Louis de Charge1492Lardier, Thresor, p. 418
René Carrion1502Lardier, Ste Famille, p. 582
Aubin1525 (réformation)Lardier, Thresor, p. 418
Estienne Ménard1543Lardier, Thresor, p. 419
Jean Muller1566Lardier, Thresor, p. 419
Mathurin Brin1568Lardier, Thresor, p. 419

[1] A. D. du Maine-et-Loire, 215 H.

[2] BIENVENU Jean-Marc, Abbaye royale de Fontevraud et ses divers prieurés, p. 9.

[3] LARDIER Jean, La Sainte-Famille de Font-Evraud, p. 367.

[4] GANDOUET Denis, Marché et foire à Surgères au Moyen Âge et leurs répercussions sur les structures urbains (vers l’an 1000- vers 1550), p. 29.

[5] BIENVENU Jean-Marc, Les premiers temps de Fontevraud (1101-1189). Naissance et évolution d’un Ordre religieux, p. 305.

[6] [6] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, Grand cartulaire de Fontevraud, ch. 472.

[7] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 319.

[8] BIENVENU Jean-Marc, FAVREAU Robert, PON Georges, op. cit., ch. 644.

[9] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 234 (61).

[10] Commune Brioux-sur-Boutonne, 79170.

[11] Commune Savigné, 86400 Civray.

[12] Prieuré des Cerisiers, com. de Fougeré, cant. et arr. de la Roche-sur-Yon, Vendée 85.

[13] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., pp. 304-305.

[14] MARCHEGAY Paul, Chartes de Fontevraud concernant l’Aunis et la Rochelle, pp. 323-324.

[15] MARCHEGAY Paul, op. cit., pp. 241-242.

[16] MARCHEGAY Paul, op. cit., pp. 21-22.

[17] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 584.

[18] MARCHEGAY Paul, op. cit., p. 324.

[19] Prieuré de Notre-Dame d’ Orsan, com. Maisonnais, cant. Le Châtelet-en-Berry, arr. St Amand-Montrond, Cher (18).

[20] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 408.

[21] Maine-et-Loire.

[22] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 410.

[23] MARCHEGAY Paul, op. cit., p. 325.

[24] MARCHEGAY Paul, op. cit., pp. 326-327.

[25] BIENVENU Jean-Marc, Aliénor d’Aquitaine et Fontevraud, p. 20.

[26] JULIEN-LABRUYERE, François, Paysans charentais : histoire des campagnes d’Aunis, Saintonge et bas Angoumois, p. 470.

[27] BIENVENU Jean-Marc, op. cit., p. 320.

[28] LARDIER Jean, op. cit. p. 379.

[29] MARCHEGAY Paul, op. cit., pp. 328-329.

[30] MARCHEGAY Paul, op. cit., p. 325.

[31] LARDIER Jean, op. cit. p. 435

[32] FAVREAU Robert, La forêt de Chizé, p. 186.

[33] MARCHEGAY Paul, op. cit., p. 325.

[34] Arch. dép. de la Charente-Maritime, 1 J 535, Surgères, arrêt du Conseil d’État qui maintient l’abbaye de

Fontevrault dans son droit de minage pour sa seigneurie de Saint-Bibien d’ Argenson, 23 octobre 1780.

[35] LARDIER Jean, op. cit. p. 523.

[36] LARDIER Jean, op. cit. p. 582.

[37] LARDIER Jean, Thresor, p. 418.

[38] LUSSEAU Patricia, Fontevraud et les protestants, Comité d’Histoire Fontevriste, n° 1, p. 45.

[39] LUSSEAU Patricia, op. cit., p. 47.

[40] La Puye, com. Pleumartin, 86120 Saint-Pierre-de-Maillé.

[41] Rives, com. Abilly, 37160 Abilly.

[42] Beaulieu-en-Roannais, com. Riorges, 42300.

[43] Jarzay, Commune Moulins/Céphons, 36110.

[44] Sainte-Florine, com. 43390.

[45] Brie, com. Brie, 09700.

[46] VIGUERIE Jean, La réforme de Fontevraud, de la fin du XVe siècle à la fin des guerres de Religion, p. 109.

[47] Bonneuil, Com. de Sainte-Soline, 79120.

[48] Villesalem, com. Journet, 86290 La Trimouille.

[49] Longpré, Com. Haramont, 02 Aisne.

[50] Longueau, Com. Châtillon-sur-Marne, 51.

[51] Les Loges, com. La Breille-les-Pins, 49650 Allonnes.

[52] Lencloître-en-Chaufournois, com. Rouziers de Touraine, 37360 Neuillé-Pont-Pierre.

[53] Pontratier, Com. Charmes, Allier 03.

[54] UZUREAU abbé, La réforme de l’Ordre de Fontevrault (1459-1641, p. 144.

[55] LARDIER, Thresor, p. 419.

[56] LARDIER, Thresor, p. 418.

[57] LARDIER Jean, op. cit. p. 624.

[58] LARDIER, Thresor, p. 418.

[59] LARDIER Jean, op. cit. p. 628.

[60] LARDIER, Thresor, p. 419.

[61] LARDIER, Thresor, p. 420.

[62] LARDIER, Thresor, p. 420.

[63] Lencloître-en-Gironde, com. Lencloître, Vienne.

[64] Cubas, Com. Cherveix-Cubas, Dordogne.

[65] Pontchollet, com. com Saint-Germain-les-Belles, 87380.

[66] LARDIER Jean, op. cit. p. 662.

[67] A. D. Charente-Maritime, C 198, éclaircissements sur le droit de minage de Surgères, fol. 53.

[68] A. D. de la Charente-Maritime, 1 J 535.

[69] A. D., de la Charente-Maritime, C 198, éclaircissements sur le droit de minage de Surgères.

[70] Inventaire révolutionnaire, district de Saumur.